Un assortiment de saynètes autour du numérique et de l’hyperconnexion. Ténu, mais non dénué d’attraits.
Malgré la désastreuse réputation de son objet, associé au narcissisme contemporain le plus décomplexé (je like, je poste, je photographie… donc je suis ?), Selfie, film à sketchs plutôt bien entouré puisque s’y croisent Blanche Gardin, Sébastien Chassagne (savoureux papa paumé d’Irresponsable) ou encore, à la réalisation, Marc Fitoussi, est assez aimable.
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Essentiellement parce qu’il a l’intelligence de faire le choix de l’indulgence là où le sujet laissait entrevoir une énième satire de la vanité contemporaine. Le selfie sert ici de prétexte (on voit peu de gens se photographier) pour établir un trombinoscope de personnages pas trop crétins, confrontés au numérique. Le tableau a pour but d’épingler les dérives de cette cohabitation plus ou moins sereine.
Le selfie du titre tient lieu d’argument métaphorique et spéculaire puisque, évidemment, les névroses observées et grossies par les multiples écrans sont forcément un peu les nôtres – c’est le principe de toute farce que de nous renvoyer la balle avec malice. Sans consentir au petit jeu cynique et technophobe qui aurait pu travestir ces humains en crise en automates sans âme, Selfie dépeint leurs comportements et leurs troubles. C’est donc comme un Black Mirror à la française, moins futuriste et plus gentil, que se présentent ces saynètes.
Leur emboîtement pourtant finit par produire une certaine lassitude, probablement parce que l’étroitesse de l’angle adopté et l’évidence qui s’y niche (les travers de l’hyperconnexion) peinent à générer un regard à chaque fois renouvelé sur le contemporain.
Selfie de Tristan Aurouet, Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Cyril Gelblat et Vianney Lebasque, avec Blanche Gardin, Manu Payet, Elsa Zylberstein (Fr., 2018, 1 h 47)
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