Un premier film qui, malgré l’universalité de son sujet, s’égare dans un trip psychanalytique.
Le sujet est connu car inévitable, il balise l’histoire des hommes et du cinéma : la mort du père. Propulsé dans les précipices de notre système solaire dans le sublime Ad Astra il y a quelques mois, le voilà redescendu sur Terre, arpentant les parquets sonores et mal cirés des alcôves haussmanniennes de la rive gauche parisienne.
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Passé le charme de l’ancien, tout devient agaçant
Si c’est peu dire que la descente est brutale, il faut pourtant reconnaître que L‘Autre inspire une forme de respect. Car il faut une certaine audace et un certain aplomb pour envisager de nos jours un cinéma de chambre aussi anachronique (le marqueur le plus contemporain du film est un téléphone fixe Alcatel) qui prend à rebours toute une modernité esthétique et une réalité sociologique, faisant passer Philippe Garrel et Jean-Paul Civeyrac pour des nerds ultra high-tech façon Ang Lee ou les sœurs Wachowski.
Passé le charme de l’ancien, tout devient hélas beaucoup plus agaçant. En nous projetant dans l’espace mental de son héroïne, le film s’enlise dans un tourbillon psychanalytique au symbolisme outrancier. Son titre capture d’ailleurs cette quête psychanalytique (“l’Autre” étant un concept majeur de Lacan qui désigne le lieu symbolique de la reconnaissance par le sujet).
Mais plutôt que de décrire ce cheminement salvateur du moi par la limpidité d’une métaphore comme chez Gray, L’Autre y projette à la place un cinéma théorique totalement recroquevillé sur lui-même et bien incapable d’émouvoir.
L’Autre de Charlotte Dauphin, avec Astrid Bergès-Frisbey, James Thiérrée, Anouk Grinberg (Fr., 2019, 1h17)
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