Une famille sino-américaine décide de cacher à son ailleule sa maladie incurable. Une comédie sophistiquée qui manque d’émotion.
L’Adieu arrive en salle trois mois après la diffusion sur Arte de Mytho. La géniale série signée Anne Berest et Fabrice Gobert et le deuxième long métrage de Lulu Wang ont peu en commun mais partagent, peu ou prou, le même sujet. Dans la première, Elvira s’invente un cancer. Instantanément, la malade imaginaire voit ses proches changer, la cajoler comme jamais. Dans le second, le miroir est inversé, le mensonge de l’autre côté.
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Un film qui reste à la surface de son impossible vérité
C’est toute une famille – celle de Billi, Chinoise et Américaine d’adoption – qui décide de taire à la grand-mère sa maladie incurable. Le clan prétexte alors le mariage (arrangé) d’un jeune cousin pour accomplir ce dernier au revoir. C’est sur la pente de la comédie chic et sophistiquée (tendance Woody Allen ou Ira Sachs) que s’avance L’Adieu. Chevillé à son argument de départ – cette tromperie macabre –, le film déroule des saynètes de groupe, menacées par les bévues prêtes à s’échapper des bouches imprudentes, et tente d’extirper du malaise ambiant une drôlerie cachée.
A ce dilemme philosophique (un doux mensonge vaut-il mieux qu’une insupportable vérité ?), la cinéaste adjoint un tableau chargé sur le choc des cultures entre deux pays qui donne lieu à un déballage de rancœurs mal digérées. Mais le fond du problème est ailleurs.
A l’inverse de Mytho, qui laissait infiltrer son mensonge, tel un sérum aux effets changeants, dans les interstices des relations, L’Adieu reste à la surface de son impossible vérité, vaste idée contrôlée par une mise en scène tirée à quatre épingles qui aplanit tout sur son passage et laisse l’émotion sur le bas-côté.
L’Adieu de Lulu Wang, avec Awkwafina, Tzi Ma, X Mayo (E.-U., Ch., 2019, 1h41)
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