Avec Titanic Rising, l’Américaine Natalie Mering a signé l’une des œuvres les plus magistrales de l’année, symphonie mélancolique classée en deuxième position de notre top 100 des meilleurs albums.
J’aime regarder en arrière. Je suis particulièrement nostalgique. Pour le meilleur et pour le pire ! Parfois, c’est un piège, mais je trouve ça aussi gratifiant d’essayer de capter la vision d’ensemble d’une histoire.
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Ça tombe bien, j’ai une mémoire d’éléphant ! L’un de mes meilleurs souvenirs de l’année reste mon interview avec Nardwuar (l’alias de John Ruskin, célèbre journaliste radio canadien – ndlr). Sans oublier ma toute première prestation au Late Night with Seth Meyers. C’était un grand moment car c’est le type de programme télévisé que ma grand-mère regarde.
Ma famille ne saisit pas toujours ce que je fais, car elle ne connaît pas la musique indépendante, donc je savais que ça serait la première fois que certains d’entre eux découvriraient que je suis vraiment musicienne, que ce que je fais est réel.
Espoir
Mon moteur cette année a été d’aider les gens. C’est important pour eux de se retrouver en concert, de trouver des terrains d’entente. Il y a tant de désaccords et de solitude… Si on peut créer quelque chose qui rassemble les gens, ça vaut le coup, même si ça n’a plus l’impact politique et culturel que la musique avait dans les sixties et les seventies, à l’époque où l’on pensait que Bob Dylan sauverait le monde, à l’époque où l’art et la musique étaient considérés comme des chambres d’écho.
Le monde dans lequel on vit est un grand rêve brisé. La question est donc de savoir si tu vas relever le défi existentiel d’accepter le changement, la mort et la catastrophe. Ce sont de grandes choses auxquelles l’humanité a toujours été confrontée… Je ne perds pas espoir. L’espoir est là si tu y crois, et n’est pas là si tu n’y crois pas. C’est un concept complètement abstrait.
J’ai ce désir de croire que l’humanité s’efforce d’être bienveillante et non diabolique. L’opposé de la peur, c’est l’espoir. J’ai eu une enfance très spirituelle. Il s’est toujours agi de trouver un équilibre entre la lumière et les ténèbres. J’ai donc cette prédisposition à vouloir m’éloigner du chaos. Puisqu’on m’a appris que la pensée du “rien n’a de sens” est un mauvais chemin, je vais naturellement à l’opposé.
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S’évader
Cette année, je n’ai cessé de penser à la société post-vérité dans laquelle nous vivons et où Mark Zuckerberg se fait de l’argent en propageant des fake news. Tout le monde est rongé par le fait de chercher une porte de sortie. Il y a un besoin de changements drastiques pour défendre et conserver sur le devant de la scène le concept de vérité et les méthodes scientifiques.
Il y a une énorme guerre livrée actuellement contre la vérité aux Etats-Unis. Il faut revenir à un terrain d’entente commun : « Oui, le changement climatique est réel », « Non, Greta Thunberg n’est pas payée par des lobbys libéraux ».
Cette année, pour la première fois de ma vie, je me suis mise au streaming. J’ai replongé et écumé beaucoup de discographies, notamment celle de The Roches, un groupe de trois sœurs qui faisaient du folk à la fin des années 1970. J’ai découvert via Spotify la bande originale du film Percy, signée des Kinks, que j’écoute en boucle. J’écoute moins de nouveautés.
Une fois que tu as généré une forme de nostalgie pour une musique, c’est facile de la revisiter. Idem avec les films. Je re-regarde beaucoup de films des années 1940. Ils sont si différents de ce que nous sommes aujourd’hui que c’est une forme d’évasion. C’est un peu plus dur de s’échapper dans des films récents, non ?
Titanic Rising (Sub Pop/PIAS), dernier album paru
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