Chuck Regan (Robert Stack), un jeune Américain, est fasciné par le spectacle d’une corrida lors d’un voyage touristique au Mexique. Le soir même, il sympathise avec le célèbre torero Manolo Estrada (fantastique Gilbert Roland, lui-même fils de matador), qui va l’initier à l’art de la tauromachie. Américain fade et lisse, terrain vierge prêt à l’adoption […]
Chuck Regan (Robert Stack), un jeune Américain, est fasciné par le spectacle d’une corrida lors d’un voyage touristique au Mexique. Le soir même, il sympathise avec le célèbre torero Manolo Estrada (fantastique Gilbert Roland, lui-même fils de matador), qui va l’initier à l’art de la tauromachie. Américain fade et lisse, terrain vierge prêt à l’adoption d’une nouvelle vie, Regan s’accomplit humainement auprès d’un héros national qui devient pour lui une figure paternelle et un ami, et tombe amoureux de la fille d’un éleveur de chevaux. Roman d’apprentissage, recherche de soi à travers la culture de l’autre, le film brasse toute une mythologie virile, avec des accents dramatiques vraiment poignants.
Il faut considérer The Bullfighter and the lady comme un miracle dans la carrière de Budd Boetticher cinéaste ensuite apprécié des cinéphiles grâce à une série de westerns exemplaires interprétés par Randolph Scott , car ce titre lui permit d’abandonner les anonymes séries B de ses débuts pour réaliser enfin une œuvre absolument personnelle et en partie autobiographique. Significativement, The Bullfighter and the lady est le premier film que le cinéaste signe Budd Boetticher, au lieu d’Oscar Boetticher Jr. Ainsi fait-il coïncider son acte de naissance de cinéaste avec le récit intime de sa passion pour l’aventure, le Mexique et la tauromachie. Le résultat est un grand film, le premier de la nouvelle carrière de Boetticher, désormais en pleine possession de ses moyens, contre-exemple de la théorie selon laquelle les bons cinéastes américains ont besoin de la contrainte des sujets imposés par les studios.
Mais s’il avait réalisé son rêve, Boetticher dut accepter un compromis avec son producteur, John Wayne, dont la société Batjac produira aussi le fameux Sept hommes à abattre en 1956. Wayne décida de confier le montage final à John Ford, qui aima beaucoup le film mais coupa les séquences les plus documentaires, où l’on voit Robert Stack se dispenser de doublure et s’entraîner dans l’arène il se fait piétiner par un taureau ! Malgré son admiration pour Ford, Boetticher désavoua cette supervision qui renvoyait le film à une forme plus conventionnelle. C’est aujourd’hui la version approuvée par le cinéaste, avec 37 minutes supplémentaires, que cette reprise nous propose de voir. Ainsi le film échappe le plus souvent à la standardisation hollywoodienne et aux clichés de l’exotisme.
Véritablement hanté par la tauromachie, Boetticher réalisera ensuite un pur mélo sur le même sujet, The Magnificient matador (1955, avec Anthony Quinn) et surtout, partira en 1968 tourner un film de fiction qui évoluera en documentaire sur Arruza, le légendaire matador. Ce projet va dégénérer en une odyssée tragique de plusieurs années au cours de laquelle Boetticher manquera de perdre la raison et qui mettra un terme à sa carrière de cinéaste.
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