Alioune Ifra N’Diaye est le fondateur du BlonBa, espace de création multifonctionnel où furent programmées les rares femmes de la biennale Danse l’Afrique Danse. Egalement membre du jury de Danse l’Afrique Danse !, ce passionné de théâtre mène ses projets avec entêtement et détermination.
Quand Alioune Ifra N’Diaye a lancé le BlonBa, en 2004, il voulait développer simultanément et dans le même espace deux pôles d’activités : des programmes culturels le week-end (spectacles de théâtre, concerts, défilés de mode, discothèque, projections de films), et des programmes de télévision pendant la semaine.
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Aujourd’hui, il y conçoit, réalise et produit trois émissions, qui mêlent avec force information, formation et divertissement. A nous la citoyenneté, émission hebdomadaire, donne des informations concernant tous les actes liés à la citoyenneté dans la vie quotidienne :
« Il s’agit d’expliquer aux gens leurs obligations et leurs droits. Pour une naissance, il faut un acte de naissance. Idem pour la maison. Ça ne suffit pas de dire qu’on l’a construite ou qu’on y vit depuis deux générations. On entre dans une civilisation d’écriture et la parole donnée ne suffit plus. Ces valeurs-là existent toujours mais sous d’autres formes. Parce qu’ici, au Mali, tout est négociable, alors j’essaye de faire connaître ces nouvelles formes de citoyenneté. On passe aussi par des fictions et on invente de nouveaux personnages tous les deux ans. Dans le deuxième programme, Citoyens nous sommes, on prend des cas concrets de disfonctionnement de la société et on invite des intervenants à réagir et à informer. »
« Je me suis endetté de 40 millions, mais tous les Bamakois connaissent l’émission »
[attachment id=298]S’il s’en tenait là, Alioune serait aujourd’hui un homme riche. Car c’est le gouvernement qui achète ces programmes et paye à la télévision son droit de diffusion. « Là, je gagne de l’argent. C’est ce qui m’a permis de financer le reste. Avec « A nous la citoyenneté », j’ai fait 350 millions de bénéfice. Mais tant que je n’aurai pas ma propre chaîne de télévision, je devrai en passer par la télévision nationale, véritable monopole d’Etat. Et pour notre programme de divertissement, « Manyamagan », une émission de télé-réalité où des couples concourent et obtiennent un mariage civil, une maison et de l’argent et où l’on informe sur les droits et devoirs de chacun, nous devons payer 25 000 Francs CFA la minute de passage. L’émission est programmée à 1 heure du matin, je me suis endetté cette année de 40 millions, mais tous les Bamakois la suivent et la connaissent. »
Evidemment, quand il s’occupe de théâtre, c’est avec la même conviction et le même entêtement.
Créé récemment aux Francophonies de Limoges par la Compagnie BlonBa, Vérité de soldat, le spectacle qu’il produit et qui se joue en ce moment au Grand Parquet de Paris fête le cinquantenaire de l’indépendance du Mali à sa façon : une docu-fiction théâtrale inspirée du récit du capitaine Soungalo Samaké, l’homme qui a arrêté Modibo Keïta, le premier président de la République du Mali, puis dirigé le camp para de Djikoroni.
« Son histoire traverse toute la destinée politique du pays, depuis le temps colonial jusqu’à la Troisième République. ATT (actuel Président du Mali, ndlr) a d’ailleurs longtemps été son adjoint. »
Or, l’éditeur de ce texte, Amadou Traoré, personnalité de la première République issue de l’Indépendance, fut lui-même torturé par Soungalo Samaké. S’en suit un récit à deux voix… On en reparlera une fois qu’on l’aura vu.
Vérité de soldat, mise en scène Patrick Le Mauff, au Grand Parquet jusqu’au 28 novembre. Janvier 2011 au BlonBa, Bamako.
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