Le Monde magique de Ladislas Starewitch Quatre courts métrages d’animation de Ladislas Starewitch : Le Rat des villes et le rat des champs (1926), Le Lion devenu vieux (1932), Fétiche Mascotte (1933), Fleur de fougère (1949)Personne n’est parfait. Pour parler franchement, j’ignorais jusqu’au nom de ce prolifique maître du cinéma d’animation, Wladyslav Starewicz, alias Ladislas […]
Le Monde magique de Ladislas Starewitch Quatre courts métrages d’animation de Ladislas Starewitch : Le Rat des villes et le rat des champs (1926), Le Lion devenu vieux (1932), Fétiche Mascotte (1933), Fleur de fougère (1949)
Personne n’est parfait. Pour parler franchement, j’ignorais jusqu’au nom de ce prolifique maître du cinéma d’animation, Wladyslav Starewicz, alias Ladislas Starewitch (1882-1965), Polonais né en Russie et émigré en France en 1919, où il réalisa une flopée de courts métrages et un seul long destinés aux enfants. Des œuvres à dominante animalière, souvent des adaptations libres des fables de La Fontaine… Des petits films raffinés, égalant parfois en splendeur les comédies musicales hollywoodiennes cf. les ballets du Rat des villes , mais à échelle réduite et avec, en guise d’acteurs, des marionnettes articulées. Celles-ci figurent des animaux, auxquels on prête des costumes et des comportements calqués sur ceux des humains, comme dans maints récits traditionnels et bandes dessinées.
On doit reconnaître que les scénarios de Starewitch ne brillent ni par leur originalité ni par leur complexité ; y compris les adaptations de La Fontaine qui perdent de leur impact en s’éloignant de la concision sentencieuse des originaux. Mais l’intérêt de ces films est ailleurs. D’abord dans la préciosité des décors et accessoires : un raffinement baroque parfois réminiscent des folies d’un Von Stroheim (la party du Rat des villes) ; ensuite on est frappé par la qualité de l’animation, en particulier par l’incroyable expressivité et plasticité des visages. Ces bestioles confectionnées avec des matériaux hétéroclites nous paraissent parfois plus qu’humaines. C’est troublant… Dire que Starewitch donnerait de la vie à un bout de bois n’est pas une vaine formule puisqu’il excelle à doter des objets ou des végétaux (comme dans Fleur de fougère) d’une figure et d’une gestuelle anthropomorphes. Mais l’aspect le plus convaincant de son œuvre se trouve dans le mélange du réel et de l’artificiel, dans l’intégration des marionnettes au monde des hommes. Ainsi l’étonnant Fétiche Mascotte, film vaguement sonorisé où, en relatant un épisode peu ou prou quotidien une femme emballe des jouets qui, livrés en camionnette, s’échappent dans la ville , le cinéaste rend palpable la transition entre l’inertie de l’objet et la vie. Donc, virtuellement, entre la vie et la mort. En effet, le personnage principal, un petit chien en peluche nommé Fétiche, passe constamment de la rigidité d’un jouet à la mobilité d’un être vivant, et vice-versa. Doté d’une multitude d’expressions, le chiot donne de temps à autre le change, se figeant subitement comme une statue. Il fait le mort pour ressembler à un jouet. Le moment le plus splendide du film est celui où l’histoire s’emballe : le chiot atterrit en enfer au milieu d’une bacchanale endiablée où se côtoient apaches (voyous) et turbulents squelettes de volatiles.
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