Vous ne l’emporterez pas avec vous ! de Frank Capra avec Jean Arthur, Lionel Barrymore, James Stewart, Edward ArnoldReprise “Vous ne l’emporterez pas au paradis !” est bien le sens qu’il faut accorder au titre de ce film. Soit quelque chose d’assez menaçant, proféré poing serré, visage contracté. Pourtant, ce n’est pas Kirby senior, le […]
Vous ne l’emporterez pas avec vous !
de Frank Capra
avec Jean Arthur, Lionel Barrymore, James Stewart, Edward Arnold
Reprise « Vous ne l’emporterez pas au paradis ! » est bien le sens qu’il faut accorder au titre de ce film. Soit quelque chose d’assez menaçant, proféré poing serré, visage contracté. Pourtant, ce n’est pas Kirby senior, le méchant banquier protestant (Edward Arnold), qui prononce cette phrase mais bien un des crétins des Alpes qui habitent la demeure Sycamore. Chez les Sycamore, c’est la béatitude : entre les artificiers cinglés, le chat presse-papiers, les parties d’harmonica, le vieillard arthritique, les amis en pagaille et la beauté de Jean Arthur, il n’y a vraiment pas de place pour l’argent, la capitalisation, l’attente ou l’angoisse. Ici, c’est la consommation immédiate, la dilapidation, le rêve américain cuit dans sa graisse. Kirby junior n’y résistera pas, attiré par ce miroir aux alouettes, et senior aussi abdiquera au profit de ces champions de la mauvaise conscience. Au royaume de Dieu, les pauvres seront rois et la famille au patronyme sylvestre gagne sur tous les tableaux, ici-bas et dans l’au-delà. Comparés aux films de Guédiguian, les Capra sont mieux écrits, mieux mis en scène, mieux joués, plus drôles, mais ils parlent aussi de la force du clan, de l’indéfectibilité des amis, de l’amour rédempteur, de l’anarchisme communautaire. On n’aime ça ni chez l’un ni chez l’autre, bien que des livres expliquent que Capra est génial parce qu’il fait des films très rapides, inventifs, virtuoses, efficaces. Les livres ont raison, Capra est génial. Mais John Ford était-il efficace ? La question est : à quoi peuvent bien nous servir ces films, passé le plaisir du spectacle, alors que rien de ce qui les anime ne nous intéresse ? Chez Cukor, les saltimbanques ne sont pas arthritiques, dansent sur les tables et ne font pas la morale. Leurs désirs les meuvent et ils ne semblent pas s’alarmer de ce que leurs relations soient souvent violentes, ni de ne pas aimer tout le monde. On peut trouver ça cynique mais en fait c’est beau. La brillance des films de Capra paraît inaltérable mais on préfère les choses mates.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}