Une mise en scène libre et inventive résultant d’un budget squelettique, des acteurs aux gueules de « Monsieur Tout le Monde », une griffe néoréaliste qui crève l’écran et les lois du genre : tout cela a concouru à faire de ce diamant noir et tranchant un film « culte » (réalisé en 68 !). Dès la séquence inaugurale […]
Une mise en scène libre et inventive résultant d’un budget squelettique, des acteurs aux gueules de « Monsieur Tout le Monde », une griffe néoréaliste qui crève l’écran et les lois du genre : tout cela a concouru à faire de ce diamant noir et tranchant un film « culte » (réalisé en 68 !).
Dès la séquence inaugurale du cimetière (aux contours indistincts, noyés dans la campagne désertique), les plans sont chargés d’une force impressionniste singulière, proche du documentaire. Un frère et sa sœur viennent déposer une gerbe sur une tombe. Un type, entraperçu au fond de l’image, s’approche lentement et se jette sur eux soudainement. Sensation d’être « en direct », comme ils disent à la télé. La fille s’enfuit et se réfugie dans une maison où elle retrouve d’autres rescapés. Le groupe se barricade alors pour résister aux assauts répétés d’une horde de morts-vivants cannibales.
Romero varie les cadrages, trouble souvent l’action en la plongeant dans une obscurité épaisse. C’est inquiétant et pourtant exempt d’effets spectaculaires. Ce qui compte, c’est le rendu froid, presque clinique, des pulsions et des compulsions de chacun face au danger. Or, l’ennemi est autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, dans ce huis clos oppressant où les personnages se disputent le pouvoir. Pas de héros ici, ni d’identification possible. Aux confins de l’abstraction parfois, La Nuit des morts-vivants réussit enfin l’exploit d’être un authentique brûlot politique (contre le racisme et l’autodéfense) sans qu’aucune parole ne s’y rapporte expressément.
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