En 2006, la Quinzaine avait surpris en sélectionnant un film de William Friedkin, vétéran issu du Hollywood des années 70. Mais à l’instar de certains collègues de sa génération (Sidney Lumet par exemple), Friedkin est redevenu un indépendant, opérant sur de petits budgets loin des majors, avec liberté artistique et final cut – donc un […]
En 2006, la Quinzaine avait surpris en sélectionnant un film de William Friedkin, vétéran issu du Hollywood des années 70. Mais à l’instar de certains collègues de sa génération (Sidney Lumet par exemple), Friedkin est redevenu un indépendant, opérant sur de petits budgets loin des majors, avec liberté artistique et final cut – donc un cinéaste parfaitement idoine pour un lieu de cinéma vivace et inventif tel que la Quinzaine. Un film comme Bug donnait d’ailleurs totalement raison aux sélectionneurs. Centré et même concentré sur deux, trois personnages et un ou deux lieux (une maison isolée dans le désert du sud-ouest américain, un bar de chauffeurs routiers…), Bug est l’histoire d’un couple de quadras usés et revenus de tout qui développent, lui par paranoïa, elle par amour, une violente névrose. Filmée avec un sens consommé de l’économie de moyens, de la création d’une atmosphère lourde et de la montée progressive de la tension, incarnée avec une conviction presque effrayante par des acteurs au top, cette version perverse du thème de l’amour fou n’est pas non plus sans sous-texte politique. Ancien militaire appelé au Vietnam, l’homme joué par Michael Shannon est comme une incarnation de la maladie que le complexe militaro-industriel américain inocule à ses propres citoyens. De ce point de vue-là, ce film sur toutes les formes de contagion virales dialogue avec The Host de Bong Joon-ho, également montré cette année-là à la Quinzaine.
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(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
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