[attachment id=298]Artiste, cinéaste, écrivain, Alain Fleischer publie Réponse du muet au parlant (Seuil), ouvrage dans lequel il relate ses deux années de rencontres et de travail avec Jean-Luc Godard pour le film Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard. Ni anti-godardien primaire, ni dévot agenouillé, Fleischer développe une critique ferme mais argumentée du cinéaste franco-suisse, explorant […]
[attachment id=298]Artiste, cinéaste, écrivain, Alain Fleischer publie Réponse du muet au parlant (Seuil), ouvrage dans lequel il relate ses deux années de rencontres et de travail avec Jean-Luc Godard pour le film Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard.
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Ni anti-godardien primaire, ni dévot agenouillé, Fleischer développe une critique ferme mais argumentée du cinéaste franco-suisse, explorant les zones d’ombre godardiennes tout en rappelant que l’oeuvre est majeure. En dehors de multiples exemples de vacheries et perversités godardiennes, le principal axe critique de Fleischer est le suivant : si Godard est un génie des images, il est moins à l’aise avec les mots, dans ses films ou ses propos.
Ses slogans, petites phrases, citations sont parfois lumineux, parfois confus, parfois dérapants, et Godard ne creuse jamais leurs effets, refusant la discussion et l’approfondissement par de multiples feintes rhétoriques. Ce trait tour à tour génial ou agaçant n’est jamais aussi problématique qu’avec la question de l’antisémitisme.
[attachment id=298]Fleischer ne considère pas Godard comme antisémite mais montre que le rapport entre Godard et les Juifs est une zone pour le moins trouble, propos (parfois ignobles) et extraits de films à l’appui. Le livre ne dit rien de fondamentalement neuf mais a le mérite de récapituler de façon très personnelle ce qui est problématique chez Godard, dans le cadre d’une vision générale plutôt pro-Godard.
Il rappelle qu’un artiste important n’est pas forcément une personne vertueuse, qu’un monteur génial peut être un penseur politique fumeux, qu’un homme extrêmement intelligent a aussi ses moments d’insondable bêtise. Savoir cela et l’écrire ne diminue en rien le génie du corpus godardien, car une part du geste artistique reste irréductible à l’explication biographique. Mais le rayonnement godardien ne doit pas non plus aveugler sur la part extrêmement contestable de l’homme et de son travail.
Serge Kaganski
Réponse du muet au parlant, Alain Fleischer (Seuil).
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