Le label genevois Bongo Joe explore à nouveau les arcanes de la musique espagnole avec une superbe compilation consacrée à l’ambient des années 1980 et ses ambitions émancipatrices.
On connaît désormais l’histoire. Au début des années 1980, une vague de formations dotées d’un arsenal de boîtes à rythmes et de synthétiseurs bricolés déferle sur l’underground ibérique. A la croisée du post punk et de la pop électronique, proche de l’esthétique comme des sonorités de leurs cousins anglo-saxons, ces groupes s’imposent à contre-courant de la Movida.
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Mais alors que cette nouvelle scène offre la réponse adéquate à la décrépitude du mouvement qui rythme l’Espagne depuis la chute du régime franquiste, d’autres outsiders, davantage portés sur les musiques planantes et l’expérimentation sonore, se lancent à leur tour dans une entreprise tout aussi alternative : s’affranchir des carcans de la musique occidentale et offrir des perspectives inouïes.
Trésors perdus de pionniers oubliés
Trois ans après La Contra Ola : Synth Wave and Post Punk from Spain 1980-86, compilation immanquable qui réunissait les acteur·trices de la mouvance post punk espagnole du début des années 1980, Loïc Diaz Ronda et le label suisse Bongo Joe exhument aujourd’hui les trésors perdus de ces pionniers de l’ambient transpyrénéen.
Collectées auprès d’artistes issus d’horizons divers, influencés aussi bien par la Kosmische Musik des années 1970 que par la musique orientale, les travaux de Brian Eno et Jon Hassell, ou les grands noms de la musique minimaliste, les vingt plages de cette nouvelle anthologie reflètent l’approche idiosyncrasique de leurs producteurs.
Certaines résultent de boucles d’échantillons aléatoires (Chandernagor de Víctor Nubla) ou d’un assemblage de couches sonores (l’immense Malagueñas 2 signée Javier Segura). D’autres s’inspirent de terres lointaines fantasmées et concilient l’électronique et une instrumentation acoustique plus exotique (Hybla de Finis Africae, Horizonte paseo de Suso Saiz).
Judicieusement compilées sur un seul et même disque, circonscrit entre 1983 et 1990, toutes manifestent un besoin commun d’émancipation autant qu’une nécessité partagée d’ouvrir de nouvelles voies. La Ola Interior prolonge l’évasion par le son. L’invitation au voyage tient toujours.
La Ola Interior : Spanish Ambient and Acid Exoticism 1983-1990 (Bongo Joe/L’Autre Distribution)
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