Radio Radio, du rap en acadien, un groupe passionnant et un show génial : on y était, on vous raconte, et on vous présente le groupe en quelques vidéos.
Nœud papillon, petite veste sans manche sur chemise blanche, lunettes fumées, chapeau rond et bijoux plus toc que clinquants, Gabriel Malenfant en jette. Armé d’une dégaine bon enfant, il se trémousse, « wave ses hanches », loin de l’attitude qu’on attend d’un rappeur. Autour de nous, les photographes fusillent –on les comprend, les garçons de Radio Radio fascinent les yeux et remuent comme des diables, avec leurs galipettes et leurs embryons de chorégraphies, l’un se glissant devant l’autre qui tourbillonne vers l’arrière, drôle de ballet maboul.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ces gars-là sont habitués d’être sur scène ensemble, ils se devinent, se complètent, s’amusent. Depuis la sortie de leur album Belmundo Regal en mars 2010, les rappeurs originaires de l’Acadie, situé à l’Est du Québec, présentent pour la première fois en Europe leur dernier chef d’œuvre, qu’il vous faudra vite vous procurer. L’expression acadienne « galavande », pour dire que l’on part en voyage en se laissant porter dans un état d’esprit libérée, leur colle bien à la peau : ils ont traîné dans leur « 9 piece luggage set » une classe toute naïve, des chansons qui font l’éloge de la simplicité et d’Épicure, beaucoup de second degré, des musiques décomplexées, bourrées de cuivres et d’électroniques et deux batteurs en charge de faire monter la sauce.
[attachment id=298]
Le spectacle est plus qu’une performance de déclamation rythmée. Malgré quelques bavures rythmiques, il est extrêmement solide, pige allègrement dans les disques précédents du groupe en plus d’offrir Belmundo Regal au complet, triture les chansons pour ne pas les calquer sur celles du disque, ne donne aucun répit à un public conquis et directement interpelé. Et cette façon de parler, ce dialecte acadien passionne ; sorte de mélange d’anglais et de français, avec des E devant tous les mots et un accent gros comme le bras. Les Radio Radio tiennent ce langage de leurs origines acadiennes, nation, un peu exclue, ayant été énormément bringuebalés entre les mains des Français et des Britanniques. Colonie française pendant plus d’un siècle, reprise par les Anglais durant quarante ans et déportés quelques années plus tard aux Français, l’Acadien n’a pas eu le choix de se former une langue où coexistent le français et l’anglais : une vraie terra nova pour le rap.
Outre leur langage, les gars de Radio Radio vivent désormais à Montréal où ils participent régulièrement à des festivals dont, prochainement, les primordiales Francofolies de Montréal. Leur troisième album est actuellement en pré-production et avec chance, nous pourrons peut-être en entendre parler sous peu : d’ici là, s’ils passent par chez vous, courrez les admirer.
{"type":"Banniere-Basse"}