Les avocats de DSK ou de Georges Tron auront beau appeler au respect de la présomption d’innocence, difficile de l’appliquer à Internet. Et bien souvent, en plus de ruiner leur carrière politique, les dernières affaires en date ont aussi ruiné… leur référencement Google.
Impitoyable outil pour sonder l’opinion des internautes, Google propose le très cruel « Google Suggest ». Suivant un algorithme qui reste secret, il propose à l’internaute qui tape un mot dans la barre de recherche, des propositions de recherche associées. Si pour la plupart des politiques, « Wikipedia » ou « biographie » sont les premières propositions (curieusement assez rapidement suivies de « juif« ), les dernières affaires de mœurs ont changé la donne.
DSK, le « sex predator »
Pour DSK, la suggestion va crescendo dans les accusations. Même si elle commence par le sobre « biographie », elles suivent ensuite l’ordre cruellement chronologique de sa chute, avec « Porsche », puis « viol » (voir illustration de l’article ci-dessus).
Et une fois tapé le nom de l’ex-futur candidat à la présidentielle dans le moteur de recherche, impossible d’échapper à l’actualité. Le premier résultat, sponsorisé par le Figaro, fait état de « l’ADN de Strauss Kahn retrouvé sur les vêtements de la femme de ménage ». Même si sa page Wikipedia apparaît en deuxième choix, le reste n’est qu’une longue suite d’articles de presse consacré à « l’affaire ».
A l’international, c’est pire. Sur Google.com, la première proposition est directement « maid » (femme de ménage), suivie de « alibi » puis de « aids » (SIDA). La liste d’article proposée est encore moins tendre que sur l’interface française puisqu’on y parle dès la première page de « sex predator » ou « rape » (viol). Aux yeux de Google, donc, DSK semble déjà condamné.
Reste son profil Facebook, qui apparaît sur la deuxième page de recherche. Sur le réseau social, aucune mention des soupçons qui pèsent sur lui, tout juste un communiqué annonçant sa démission. (467 commentaires tout de même)
Georges Tron : son Facebook piraté
Le désormais ex-secrétaire d’Etat à la fonction publique a été relativement épargné par l’algorithme implacable de Google. Deuxième politique touché par des affaires de mœurs, plutôt inconnu avant son entrée au gouvernement, même sur Google, il fait finalement peu de vagues.
« Ministre », « Wikipedia » ou « petit journal », rien à signaler du côté de Google Suggest. Mais le moteur de recherche rétablit la justice en proposant aux internautes plusieurs coupures de presse relatives aux accusations qui visent le maire de Draveil, avant d’indiquer finalement sa fiche Wikipedia.
C’est plutôt la page Facebook de l’ancien Ministre qui a été la cible du courroux des utilisateurs. « Likée » par seulement 326 personnes, et non-actualisée depuis le 23 mars dernier, elle est cependant restée ouverte aux commentaires… Et les internautes s’en sont donné à cœur joie
Luc Ferry : l’arroseur arrosé
En voilà un qui aurait peut-être mieux fait de ne pas l’ouvrir. Depuis sa sortie dans le Grand Journal de Canal+ sur un prétendu ministre qui se « serait poisser dans une partouze avec des enfants », le philosophe a bien pourri son référencement Google. Le premier résultat associé à l’ancien ministre est donc … « pédophilie ». Bien joué.
Jack Lang : la victime innocente
L’ancien Ministre de la Culture était, selon certains, visé à mots couverts par Luc Ferry. Son référencement en est rapidement devenu la victime innocente. Première occurrence associée à son nom : « pédophilie » aussi. Premiers résultats de recherche : son incartade imaginaire au Maroc. Luc Ferry aura beau nier quelques jours plus tard avoir voulu viser Jack Lang, le mal est fait.
Mais Jack Lang a lui aussi oeuvré à la ruine de son e-reputation. Sa sortie remarquée « Y’a pas mort d’homme » sur l’affaire DSK de Jack a fini d’achever l’affaire. La vidéo s’est en effet retrouvée en tête des recherches google associées à son nom.
Frédéric Mitterrand : encore d’actualité
Et Google est tenace. Souvenez-vous, en 2009, une affaire de scandale sexuel avait déjà touché le gouvernement. Marine Le Pen avait dénoncé l’habitude de Frédéric Mitterrand, d’avoir des relations avec des « jeunes garçons ». Elle s’appuyait sur son livre, La Mauvaise Vie. Deux ans après, Google en garde la trace. Premières suggestions « Thaïlande » et « Tunisie ».
Cerise Sudry-Le Dû