Pour la neuvième fois en neuf ans, le festival ardennais, qui se tenait du 22 au 25 août à Charleville-Mézières, a battu son record de fréquentation.
Soudain, le Wu-Tang Clan fait péter le bouchon sur la scène Zanzibar (un clin d’œil à Arthur Rimbaud, né à Charleville-Mézières, et auteur du poème éponyme, Au Cabaret Vert), peu avant l’arrivée de The Bloody Beetroots. Dans la fosse, les festivaliers, de tous les âges, de tous les styles – fidèles à leur réputation, un public chaud et adepte de costumes poilants, des plus marrants aux plus débiles – s’enflamment : le Cabaret Vert est à son zénith.
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Au Temps des Cerises, scène alternative hors du temps où se succèdent deejays, rappeurs (dont un passage remarqué du très disponible Gérard Baste, ancien moteur des Svinkels), et groupes en tout genre (dont les Anglais bluesy de Heymoonshaker, duo emballant), la fête bat son plein. Dès le jeudi soir, Eels (concert observé de près, on stage, par le Ministre du Budget Bernard Cazeneuve, venu soutenir une nouvelle étude sur les retombées économiques du festival), Alt-J, Major Lazer – pour un show fédérateur et terriblement décalé (instant hors norme lorsque le groupe s’épanche dans une bulle géante et traverse la foule, façon slam des temps modernes) – et Asaf Avidan (voix de chat et présence incroyable) ouvraient la neuvième édition réussie (75 000 personnes accueillies en quatre jours, record battu) de ce grand rassemblement ardennais, dans le top 10 des festivals français, toujours plus engagé en faveur du développement durable (il pourrait recevoir dans les prochaines semaines le prestigieux label européen A Greener Festival, décerné aux festivals les plus respectueux de l’environnement, en Europe et dans le monde).
« Une image forte »
« Le Cabaret Vert a une véritable histoire et, surtout, du fond, explique Julien Sauvage, pilier de l’association FLaP et directeur-fondateur de l’événement. Le projet n’est pas là uniquement pour faire de l’argent. D’ailleurs, nous n’avons aucun partenariat avec des grandes marques de l’industrie agro-alimentaire. Le festival a une image forte, avec un public très fidèle, qui ne vient pas uniquement pour les concerts. »
Sur place, cela se vérifie. Entre le soin apporté à la décoration du site (beau, beau et beau !), un accueil particulièrement chaleureux, de la (très) bonne bouffe (on conseillera des plats locaux tels que l’improbable cacasse à cul nu), de la BD, du cinéma, un village associatif très visité, des arts de rue et une programmation musicale variée, où se côtoient notamment The Offspring (devant 21 000 personnes), Two Door Cinema Club, Bomba Estereo (moment radieux), Skip The Use (toujours aussi sympa et généreux sur scène), Keziah Jones (très classe dans une formation en trio maîtresse de leur instrument), le prodige belge Netsky, H-Burns, sous la pluie mais rayonnant, le rap vivant de Keny Arkana et Hanni El Khatib, le Cabaret Vert, sans frimer, conjugue les disciplines et s’installe parmi les grands, tout en conservant ses valeurs, reconnus par tous les visiteurs, des plus fidèles aux plus notoires.
« Producteurs du cru »
« Lorsque je parcoure le site, je ressens beaucoup d’émotion et d’apaisement, observait l’ancien député-maire de Cherbourg, jeudi après-midi. Je vois des gens qui sont heureux d’être ensemble. Et la France est plus forte lorsqu’elle est heureuse. » Un succès et une ambiance qui trouvent son origine dans un ancrage territorial très fort, avec un grand nombre de bénévoles et des entreprises locales toujours plus investies dans le projet. « En acceptant un contrat avec une grande marque de l’industrie agro-alimentaire, vous n’avez aucune retombée économique pour les producteurs locaux ; aucun retour sur la promotion du savoir-faire de la région. Et puis, généralement, les produits sont tout simplement moins bons que ceux réalisés de manière artisanale, explique Julien Sauvage, avant de poursuivre. Travailler avec des petits producteurs du cru permet aussi d’évoluer sur des circuits de transport très courts. Ce qui est important du point de vue de notre charte de développement durable. »
Durable, le Cabaret Vert a su le devenir. En attendant son dixième anniversaire. « Sur le plan artistique, nous avons beaucoup d’idées pour cette édition, mais rien n’est engagé pour le moment », précise le directeur. « Pour les 10 ans, je veux voir la même chose puissance 10, lance un festivalier venu à Charleville-Mézières ce week-end. Et une super tête d’affiche chaque jour pendant les 4 jours ! » Un anniversaire attendu de pied ferme, donc, pour un festival qui a su s’installer, s’imposer, s’immiscer dans le panorama musical français. Au point de devenir incontournable ?
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