Qualifié par les militants No Border de « document de cruauté », ce rapport d’observation présenté aujourd’hui, mercredi 22 juin, détaille les violences policières faites (avec photos et vidéos à l’appui), depuis deux ans aux réfugiés transitant par Calais. Objectif : être l’un des premiers dossiers traités par Dominique Baudis, nommé aujourd’hui en Conseil des ministres, Défenseur des droits.
En avril, Lesinrocks et Rue89 publiaient un article commun intitulé Harcèlement policier à Calais : les vidéos qui font honte. Témoignant de brimades récurrentes, certaines images filmées par les militants No Border – c’est à dire contre les frontières et pour la liberté de circulation – montraient des policier venus, les 16 et 18 février à 7 heures du matin, harceler des réfugiés avec de la musique africaine.
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Aujourd’hui à 14 h, les No Border de Calais Migrant Solidarity (CMS) ouvrent un autre front contre les policiers. Lors d’une conférence de presse, ils publient un rapport intitulé Rapport d’observation des violences policières à Calais depuis juin 2009. Véritable réquisitoire, le « document de cruauté » (dixit les No Border) est une sorte de compte-rendu à la fois général et détaillé des accidents, contrôles à répétition, harcèlements,… qui créent selon eux un véritable « climat de terreur » chez les migrants.
Voici un exemple du Quotidien des migrants de Calais, filmé et monté par les No Border.
Pour montrer la fréquence des arrestations, pendant cinq mois, d’avril à août 2010, les No Border affirment avoir décompté 1054 arrestations, soit une moyenne d’un peu plus de 210 par mois. N’ayant enregistré que les arrestations vues ou signalées « de sources fiables« , ils estiment être en dessous de la réalité.
Présent à la conférence, Benoît Hurel, secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature (SM), s’est dit interloqué par ce document qui montrent « le continent qui semble exister entre la loi et son application« .
« La teneur de ce rapport traduit une politique systématique qui semble dépasser des actes isolés de policiers. C’est pourquoi nous espérons une enquête qui puissent déterminer désormais à quel niveau ces agissements sont impulsés ou tolérés. »
Les No Border, appuyés par 19 associations et syndicats (dont Emmaüs international, la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, …) ont décidé de dénoncer ces comportements policiers à Dominique Baudis, nommé aujourd’hui même en Conseil des ministres, Défenseur des droits. Cette nouvelle autorité voulue par Nicolas Sarkozy au moment de la réforme constitutionnelle en 2008 va chapeauter, entre autres, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et la Haute Autorité de lutte contre les discriminations Halde.
La CNDS est habilitée à enquêter – sans que le secret professionnel puisse lui être opposé – sur les violences policières, tandis que la Halde intervient contre « toutes les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ».
Cette saisine sera l’occasion, dixit le communiqué de presse de l’organisation militante, de voir si le Défenseur des droits est « une fonction gadget pour donner au gouvernement, sans grand risque, une image vertueuse, ou (une) véritable institution dotée des moyens d’exercer un réel contre-pouvoir. » Selon un militant de No Border, Dominique Baudis a déjà accepté de les recevoir.
Geoffrey Le Guilcher
[attachment id=298]Lire le rapport « Calais : cette frontière tue » (en PDF)
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