Hollywood semble avoir troqué le mythe du prince charmant contre le cliché du “sex friend”. Sans pour autant renouveler le genre de la comédie romantique.
pouet pouet camion
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sur l’affiche de Sexe entre amis (sorti le 7 septembre), Justin Timberlake et Mila Kunis semblent essayer de nous signifier quelque chose avec leurs mains.
[attachment id=298]
Concrètement, ce geste peut évoquer, avec peu de poésie, la pénétration. Il peut également faire référence à un jeu d’enfant, popularisé par la série Malcolm. Appelé “le jeu de l’oeil”, il s’agit de former un rond avec ses doigts et d’attendre que son camarade le voie. Si l’autre réagit et est assez prompt pour insérer son index dans le rond en question alors il gagne le droit de taper son copain. S’il ne réagit pas c’est l’autre qui se doit de lui donner un gros coup. Entre signe cru et jeu d’enfant à la “qui aime bien châtie bien”, l’affiche donne le ton : il s’agit là de deux potes (dont la relation ressemble un peu à une “bromance”, la fille n’hésitant pas, par exemple, à traiter son comparse de “gonzesse”) qui décident de coucher ensemble afin de satisfaire leurs besoins vitaux sans s’embarrasser des chagrins d’une relation amoureuse.
girls & boys next door
Sexe entre amis n’est pas le seul film à traiter du concept de fuck buddies. Plus tôt dans l’année, Sex Friends mettait en scène Natalie Portman et Ashton Kutcher pris dans une histoire similaire. Si la chose était un procédé classique des séries où elle aidait à renouveler un peu l’intrigue (de Dawson à How I Met Your Mother), elle est récemment devenue un ressort majeur de films hollywoodiens. Ainsi dans Love & autres drogues ou encore Mes meilleures amies où un prince charmant (riche, beau, un peu con et réticent à s’engager) se voit déclassé (attention spoiler) au profit d’un mec jusqu’alors beaucoup trop normal pour finir par pécho l’héroïne. “Je ne crois pas au cliché hollywoodien du grand amour”, affirme Mila Kunis dans le film. En réalité, c’est évidemment tout le contraire car la question “vont-ils finir par coucher ensemble ?” se transforme seulement en “vont-ils finir par se mettre en couple ?”. Tous les gros filons de la comédie romantique subsistant ici pour le meilleur ou pour le pire.
http://youtu.be/qjxNwA26hNE
fragments d’un discours de “fuck buddies”
Loin de l’exemple du jeune Werther, le mythe des sex friends se nourrit de deux théories populaires : l’amitié entre garçon et fille n’existe pas et l’amour, ça fait mal. En ce monde rose fané, au coeur de deux solitudes, les deux personnages principaux commencent par coucher ensemble et, après quelques péripéties, par constater de manière assez prévisible qu’on n’échappe pas aux sentiments. De quoi jouer sur la peur – du couple, de l’intimité ou de l’engagement –, supposée être un problème générationnel. En pratique, la chose permet d’amener des scènes de cul sans background sirupeux. Et de plaire à un autre public que celui des comédies romantiques classiques : les garçons (hétéros). Le mythe de la fille qui boit des bières en pyjama avec son pote avant de coucher avec lui leur parlerait-il plus qu’un baiser passionné sous la pluie ?
Diane Lisarelli
{"type":"Banniere-Basse"}