A travers des programmes courts et de mutiples formats (film, photo, animation), la chaîne veut offrir un autre regard sur une campagne électorale enlisée dans la torpeur.
Que nous disent les images des candidats en campagne, suivis à la trace par des camions de caméras et d’appareils photo depuis des semaines ? A force de les consommer, nous n’en avons plus le goût. Ce n’est que lorsque surgit un effet de surprise, un accident dans le cadre, que le regard peut s’agiter. Il y a quelque chose à voir, enfin. Décentrer le regard, en élargir le champ, brouiller le sens commun, oser des expériences visuelles : ces horizons esthétiques ont toujours été au coeur du travail de programmation de Paul Ouazan, directeur de l’Atelier de recherche d’Arte-France (Die Nacht/La Nuit, Klang, Juke Box Memories, Switch, Snark, Les Nuits de la pleine lune, Paroles de réfugiés, Moi, maintenant, Messages d’amour, Brut…).
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A distance de l’actualité brute
D’où son envie de confronter au dispositif vicié de la campagne électorale le regard de trois brillants photographes – Claudia Imbert, Gilles Coulon, Stéphane Lavoué – qui contournent les rituels de l’image d’actualité et s’émancipent de ses règles usées, comme ils le prouvent depuis plusieurs années dans leurs travaux respectifs, à distance de l’actualité brute tout en rattachant ses échos au cadre de leurs images. Produite par Luc Martin-Gousset (Point du Jour), la collection de 35 modules de deux minutes, Photographie de campagne, diffusée tous les soirs à 20 h sur Arte, a l’ambition de regarder ainsi différemment le petit théâtre de la campagne.« Ce qui nous a conduits à choisir la photo, c’est sa capacité à saisir l’instant, son rapport singulier avec l’histoire en train de se faire », expliquent Paul Ouazan et Luc Martin-Gousset.
« Regarder la France en campagne, c’est redonner à chacun sa place de sujet dans cette histoire. »
Suivant les candidats dans leurs meetings, déplacements en province, visites d’usines ou rencontres diverses, les trois photographes livrent des traces visibles de cette campagne aveuglante, pendant que la journaliste et écrivaine Judith Perrignon éclaire, elle, la parole des candidats à travers quelques brefs et intenses entretiens, délestés eux aussi des codes de la communication politique et du storytelling.
Parallèlement à cette collection de films courts, Arte lance une autre série de courts métrages d’animation d’une minute, censés dessiner le portrait inconscient de la figure du président de la République, J’ai rêvé du Président. Collectés sur les réseaux sociaux, ces rêves ont été mis en scène par Etienne Chaillou et Mathias Théry. Autre dispositif original, Une certaine idée de la France : sur arte.tv, huit journalistes étrangers livrent leur regard sur l’état mental et social de la France, à travers quelques questions-clés comme le système scolaire, l’intégration des immigrés, la désindustrialisation, la vie dans les campagnes…
Quant à Arte Radio, elle propose en partenariat avec Mediapart une longue série sonore sur la France invisible et l’abstention, ainsi qu’un reportage de Gaëlle Gauducheau, à partir du 4 avril, sur un photographe couvrant la campagne : une nouvelle manière de réfléchir à la nature et aux usages de l’image politique, dévoyée par la loi du marketing. Photographier la campagne, c’est aussi mesurer la nécessité de sortir du rang, de désobéir aux diktats de la propagande, de saisir ce qui vibre et pleure sous le vernis glacé de la France forte.
Jean-Marie Durand
Sur Arte Photographie de campagne, jusqu’au 4 mai, à 20 h J’ai rêvé du Président, à partir du 2 avril, dans 28 Minutes à 2 0 h 05 Une certaine idée de la France, à partir du 16 mars sur 2012.arte.tv Le Plus Grand Parti de France et Objectif Une (à partir du 4 avril pour cette dernière), sur arteradio.com
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