Pour fêter le début du printemps, Rover prenait hier la route de La Maroquinerie, à Paris, où Mai Lan ouvrait la voie avec une première partie. On a également pris la route : on y était.
Il est plus de 20h, mais le soleil est toujours là. C’est le printemps. On arrive à La Maroquinerie, dans le 20ème arrondissement de Paris, recouvert des œuvres de street artistes s’en donnant à cœur joie dans ce quartier populaire de la capitale. Pas encore très populaire, mais méritant bien de le devenir, Rover jouait hier soir pour fêter l’arrivée des beaux jours. On l’avait découvert l’année dernière avec son morceaux Aqualast, dont on a toujours pas réussi à se lasser. Il revient maintenant avec son premier album, enfin prêt. Ayant vécu un peu partout, le globe-trotter Français promettait un chouette voyage dans les contrées déjà bien explorés du rock et de la folk. Mais les chemins sont nombreux, et Rover a su emprunter ses propres sentiers, entre l’écorce et la roche.
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Mai Lan le précède sur la scène. Celle qu’on avait connu avec sa chanson Gentiment Je T’immole, titre mignon et trash devenu culte sur internet, sortira son premier album à la rentrée prochaine. En attendant, on a découvert quelques uns de ses morceaux, à mille lieues d’où on l’avait connue. Accompagnée de ses deux guitaristes, la jeune femme attaque la country qu’elle affectionne, tantôt teintées de pop, tantôt habillé de rock rugueux, mais toujours d’un ton groovy réjouissant, passant d’une « chanson sur l’amour absolu » à un intermède a cappella, pour ensuite repartir sur les routes parfois furieuses de ses compositions. Elle quitte la scène en dansant, laissant la salle (déjà pleine) se préparer à l’invasion de Rover.
Celui-ci arrive dans un noir quasi-total. La foule crie. La lumière se fait peu à peu sur le visage et la carrure de Rover qui a déjà entamé, armé de sa guitare, une intro à la Morricone. Dans son costume noir élégant, col relevé, le cow boy semble immense sous ses airs de diable timide. Caché derrière ses longs cheveux ondulés, il arrache les premières notes de son chant déchirant. L’homme est là : la carrure, la présence, la voix. Tout n’est que puissance et délicatesse.
La lumière continue de se faire. Ses trois acolytes font surface. Les morceaux s’enchainent tranquillement. Il s’assiéra parfois au clavier : même assis, le colosse s’impose sur la scène, embrassant de ses épaules toute la largeur de la salle – c’est en tout cas l’impression qu’il donne. Résonne bientôt les notes de synthé de Remember. L’homme ramène pour l’occasion ses cheveux en arrière. On croit alors déceler une pointe de malice dans son regard bourru.
Arrive Aqualast. Bouleversés comme à la première écoute, on est pris aux tripes, pris au cœur par la chanson. Car c’est bien une chanson, pas un morceau : on admire Aqualast comme on admire une femme, et on l’aime au féminin car ce refrain, aussi aigu et plaintif que le reste est grave et fort, exprime tout ce qu’un homme pourrait vouloir dire au sexe opposé, sans jamais réussir ni même tenter. Mais tout le monde est ravi, les femmes les premières, criant vers le chanteur tout ce qu’elle ont saisi de ses sentiments. Monstre de bois, monstre de pierre, Rover est comme recouvert d’une couche de mousse humide et douce qui révèle toute la dualité de cette force de la nature.
Viendront ensuite Silver, Tonight, quelques autres. Cet Hercule du rock et de la folk raconte par sa musique un peu de son histoire voyageuse : musique de l’Atlantique (New York), chant des ruines à rebâtir (Beyrouth), cris solitaire de l’insulaire (Philippines), tout n’est que langage que l’on comprend parfaitement (France, Suisse).
Rover éponge la sueur sur son visage. Il part. Rappel. Petites blagues. Deux, trois morceaux plus tard, il s’enfuit pour de bon, remerciant généreusement un public très chaleureux qui l’aura acclamé tout le concert durant. Tantôt crooner gonflé à bloc, tantôt dandy écorché, Rover aura offert un moment intime et puissant, partageant avec nous toutes les beautés qu’il a recueilli depuis son départ sur les chemins du monde. Car depuis des lustres, et pour bien longtemps encore, Rover a pris la route.
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