Rayahzone, premier spectacle des frères Thabet, porte haut l’émotion.
On a l’impression de les avoir toujours vus ensemble, les frangins Ali et Hédi Thabet, au point de parfois les confondre. Rayahzone est néanmoins leur premier opus en commun. L’osmose entre eux deux est à ce point d’incandescence qu’Ali semble finir le mouvement d’Hédi. Ou l’inverse.
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Pourtant, ils ne marchent que sur trois jambes : à peine majeur, Hédi, atteint d’une maladie, voit s’interrompre sa belle trajectoire d’enfant du cirque. Amputé, il se révèle paradoxalement un fabuleux danseur. On l’a vu dans Ali aux côtés de Mathurin Bolze. Il n’est pas faux de dire que Rayahzone reprend là où Ali avait laissé les choses. On y retrouve ce travail sur l’altérité, l’autre, l’équilibre et la force. Mais en dialoguant sur le plateau avec son propre frère, Hédi Thabet apporte une dimension sereine au projet. Lionel About joue le troisième homme, bateleur et burlesque.
Surtout, Rayahzone est riche d’une broderie musicale empruntant au soufi tunisien, entrelacs de voix sous la direction de Sofyann Ben Youssef. Il y a de la transe dans l’air, un jeu de courant d’air(s) qui circulent entre les murs du décor. Hédi, masque de crâne sur la tête, ou Ali sont les protagonistes de cette « transcendance émotionnelle » qui les voit basculer, rebondir, s’échapper. Un chant soufi clame : « Sois heureux un instant, cet instant c’est ta vie ». Rayahzone ne dit pas autre chose.
Philippe Noisette
22 mars, Spring Festival à Coutances. 28 mars Boulazac. 30 mars, Oloron-Sainte-Marie. 3 avril, Istres. 6 et 10 avril, Draguignan. 11 avril, Bordeaux. 26 avril, Lannion. 3 et 4 mai, Oullins. 15 mai, Châlons-en-Champagne. 17 mai, Brive-la-Gaillarde.
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