La vie mouvementée d’un gay à travers les Etats Unis racontée par lui-même. Un documentaire conceptuel.
Un moyen métrage à la fois très simple et très sophistiqué. Très simple, car il se résume à observer René Orduna, un quinquagénaire américain, depuis l’arrière de son véhicule, qu’il conduira pendant une dizaine de minutes, au bout desquelles il se garera dans un parking de supermarché, viendra vider son Caddie plein dans le coffre, puis repartira. Une fois arrivé dans ce qu’on suppose être son lieu de travail (un restaurant où il est cuisinier), René se posera, fumera des clopes, et narrera ses nombreuses expériences dans la communauté gay à travers les Etats-Unis dans les années 1970-80.
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Le film est très sophistiqué par son travail sur le cadre et la couleur, par la très subtile désynchronisation de certaines parties du monologue de René, qui révèle des partis pris de montage recherchés. Emanant du très chic groupe pointligneplan, qui ne le distribue que dans une seule salle à Paris – L’Entrepôt, havre de tous les possibles – et dans quelques salles de province, René O. n’est donc pas un banal documentaire, ce qui eût pu être amplement suffisant, car le récit de René – la vie débridée des gays dans les boîtes, bars et saunas spécialisés quelques années avant le fléau du sida –, plein de décontraction, de chaleur, et de nostalgie pour un monde révolu et semi-clandestin, une confrérie hédoniste, coule comme un fleuve. Le documentaire se double ainsi d’une œuvre d’art conceptualisée, designée, mise en scène, qui est plutôt réussie dans le genre minimaliste.
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