Un film lent, beau et mélancolique, doté d’une forte charge…émotionnelle.
D’abord rappeler combien le titre français de ce joyau du western proustien en Technicolor est un contresens. S’il est une charge dans She Wore a Yellow Ribbon (« Elle portait un ruban jaune », donc), elle est d’abord et surtout émotive. Quant à l’héroïsme, c’est dans sa forme la plus subtile qu’il faut le chercher car John Wayne y interprète un militaire qui n’aime pas la guerre, à la tête d’une mission dérisoire (accompagner deux femmes à un relais de diligence) qui tourne en rond et qui échoue. Cohabitent alors une chronique de la vie au Fort et de ses rituels (bals, bagarres d’ivrognes, sonneries de clairon), que John Ford affectionnait tout particulièrement, avec des nappes souterraines mélancoliques : les rondes amoureuses, la guerre et les souvenirs qui se répètent inlassablement sous des couchers de soleil toujours plus flamboyants.
Répéter ensuite que c’est là un des plus beaux rôles de John Wayne, en vieux chat grimé qui joue un officier à la veille de la retraite alors qu’il n’a que quarante ans passés, anticipant sa vieillesse comme dans La Rivière rouge de Hawks, tourné un an auparavant. Rien que pour le voir chausser timidement ses lunettes pour lire l’inscription sur son cadeau de départ, il faut courir (re)voir She Wore a Yellow Ribbon.