La rengaine des éditorialistes vedettes ne parvient pas à étouffer les voix dissidentes.
“Nouveaux chiens de garde”, “éditocrates”… : la rhétorique en vogue visant à délégitimer les élites de la presse forme le symptôme d’un système médiatique paradoxal. Alors que la voix des vedettes impose la petite musique dominante du débat public, la critique des médias ne cesse de s’amplifier.
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Après le film Les Nouveaux Chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, qui pointait les erreurs répétées des commentateurs zélés des marchés financiers, des livres-brûlots prolongent le mouvement de sape des médias. De Vive la crise !, de Sébastien Fontenelle au livre de Laurent Mauduit, Les Imposteurs de l’économie, la dénonciation de ces gourous médiatiques “qui nous enfument” est devenue un vrai filon éditorial.
Selon Fontenelle, coauteur des Editocrates en 2009, la novlangue de ces têtes de gondole s’organise autour de “mantras obsessionnellement répétés”, où “les mots du progressisme, soigneusement purgés de leur sens originel, disent l’exact contraire de ce qu’ils avaient toujours signifié, et dans laquelle la réforme (…) devient l’appellation brevetée des pires reculs antisociaux”.
Fontenelle dénonce le refrain journalistique néolibéral : la France, pays d’assistés, vit au-dessus de ses moyens ; il faut travailler plus et réduire les dépenses publiques… Mais à trop fixer son courroux sur quelques figures honnies, l’auteur occulte la question des usages que chaque citoyen fait des médias, à l’influence plus incertaine qu’il ne le prétend. D’autant que le statut de ces éditocrates n’efface pas, dans leurs propres journaux, les papiers à contre-courant.
Jean-Marie Durand
Vive la crise ! de Sébastien Fontenelle (Seuil), 192 pages, 14,50 € Les Imposteurs de l’économie de Laurent Mauduit (Seuil), 320 pages, 19,90 €
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