Reprise opportune de la première adaptation du fait divers
américain qui a inspiré La Fille coupée en deux.
Comment piéger une femme ? A cette question qui taraude les cinéastes, un fait divers du début du siècle fournit le scénario idéal : une jeune fille écartelée entre des volontés antagonistes et jamais désintéressées finira au ban de la société. Avant Chabrol et sa Fille coupée en deux, Fleischer avait mis en scène cette histoire, axée ici sur la réversibilité entre la splendeur des apparences et la vérité sordide des désirs. Le contraste entre des situations scabreuses, d’une brutalité étonnante, et la somptuosité plastique des scènes culmine lors de la séquence finale, qui met en scène de manière magnifiquement cruelle l’objet de tous les désirs de la jeune fille (la balançoire), promesse d’évasion devenue instrument d’asservissement.
L’innocence de l’héroïne, au-dessus de tout soupçon dans le film de Fleischer qui fait de cette jeune fille une proie sans défense des hommes, est troublée dans le film de Chabrol où le personnage féminin balance entre naïveté et opportunisme. Comment piéger une femme en 2007 ? Chabrol, à cette question initiale, en ajoute une autre : comment libérer une femme ? Sa réponse (la séquence finale de magie, qui accorde enfin une grandeur tragique, jusqu’ici retenue par son ironie, au calvaire de l’héroïne) ne tire sa nécessité d’aucune contrainte narrative, mais s’exerce au nom de sa seule volonté libre de cinéaste et acquiert ainsi une force lyrique tout à fait inattendue.
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