Hanoun, les Gianikian,Wang Bing, Jean-Claude Rousseau et de belles promesses étaient au rendezvous de l’édition 2007.
Parmi les noms dont on attendait beaucoup cette année au FID de Marseille, la révélation de l’année précédente, le Philippin Raya Martin. Mais ce n’est pas seulement la déception qui a surgi au tournant de son pénible Autohystoria mais une réelle exaspération devant la façon dont le réalisateur impose comme une véritable épreuve pour le spectateur le drame subi par ses personnages, qui rejouent un fait historique. Cette expérience nous fera apprécier plus grandement les films qui laissent au public la possibilité d’investir librement le cadre de réflexion, d’appréciation du réel qu’ils nous proposent. Cette place relève particulièrement de l’intime quand il s’agit de se glisser dans les coins et recoins où se retranchent l’attente et la séparation amoureuse captée par Jean-Claude Rousseau. Doté d’une forte personnalité cinématographique, l’attendu De son appartement touche par sa ténacité minimaliste mais, dans son exploration des limites, dévoile par moments aussi celles de son auteur qui se renouvelle peu. On attendait également avec impatience le dernier film d’Olivier Zabat. Son beau Yves – Première Partie est parmi les films de cette édition de ceux qui questionnèrent, heurtèrent et ouvrirent de la façon la plus convaincante la forme documentaire. Portrait d’un homme handicapé mental, le film nous ballotte un moment dans une expectative sceptique – comme souvent chez Zabat – en raison d’un montage erratique. Déroutante est la façon dont le cinéaste intègre une certaine recherche formelle au sein même de son film, le mettant ainsi en péril mais l’ouvrant aussi à une grâce singulière. On ne s’étendra pas sur le magnifique film de Wang Bing, Chronique d’une femme chinoise, déjà mentionné lors du Festival de Cannes, pour laisser place aux nouveaux films, saisissants, de Marcel Hanoun et du couple Gianikian-Ricci Lucchi. Le premier, intitulé Le Ravissement de Natascha, revisite l’histoire de Natascha Kampusch, cette petite fille séquestrée pendant plusieurs années par un homme et questionne d’une manière troublante, inédite et percutante l’enfermement, la possession et la liberté, à travers la voix imaginaire du séquestreur, voix portée, face caméra, par une femme. Le deuxième, Ghiro ghiro tondo, s’inscrit dans la continuité du beau travail d’archivistes des cinéastes qui s’intéressent ici à de vieux jouets de la Middle Europa datant du début du XIXe siècle. Les objets défilent selon un rythme sériel, impersonnel qui paradoxalement renforce leur humanité et ouvre sur un imaginaire barbare, concentrationnaire, loin de l’innocence enfantine.
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