A quelques jours des élections présidentielles, une agence de publicité russe a mis en ligne une série de vidéos comparant le vote pro-Poutine à la perte de sa virginité. Ce n’est pas la première fois que de jeunes et jolies Russes apportent leur soutien à Vladimir Poutine.
Ca commence comme une campagne de prévention contre les MST, et ça finit par un appel à soutenir Vladimir Poutine. Car voter pour la première fois, c’est un peu comme perdre sa virginité : mieux vaut bien choisir son partenaire. C’est avec cet étrange message, mis en scène dans une série de vidéos diffusées sur Internet, que l’agence de publicité Aldus ADV compte encourager les jeunes Russes à aller voter. Mais pas pour n’importe qui.
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Dépucelage électoral
Dans ces vidéos, on voit des jeunes filles en fleur s’interroger sur “leur première fois”. A chacune son conseiller: une voyante, un psychiatre, ou un gynécologue rassurent tour à tour les ingénues. “Vous comprenez docteur, j’ai très peur”, confie l’une d’elle. “Le principal, c’est d’avoir confiance dans celui que vous avez choisi. Car la confiance, c’est l’amour”, répond le praticien avec un sourire engageant, avant de se tourner vers le calendrier accroché au mur de son cabinet. Zoom de la caméra sur le sourire figé de Vladimir Poutine. “Et en lui, vous pouvez avoir confiance ! » Les vidéos se concluent toutes par une image de la jeune fille sautillant vers une salle de vote, avant que n’apparaissent ce slogan touchant : “Poutine. La première fois, seulement par amour.”
Ce n’est pas la première fois que les effets aphrodisiaques du vote, incarné par de jolies jeunes filles, sont mis en avant par le pouvoir russe. Dans une vidéo pro-Kremlin diffusée récemment, on voit par exemple une jeune femme séduire un électeur et l’entrainer à sa suite dans l’isoloir. Une rencontre amoureuse conclue par un vote commun. “Ensemble, en route vers une Russie meilleure” indique le slogan.
http://youtu.be/A3Fd6oNSktg
L’ »Armée de Poutine » en campagne
Depuis plusieurs mois, les vidéos mettant en scène de jolies Russes investies de leur devoir citoyen se multiplient. En effet, Vladimir Poutine bénéficie du soutien de nombreuses ambassadrices de charme, prêtes à tout pour convaincre les électeurs et soutenir leur candidat. En 2011, des vidéos incitaient les jeunes femmes à déchirer leur t-shirt en signe de ralliement et à diffuser leur performance sur Internet (avec à la clé un iPad pour la meilleure vidéo). Ces supportrices se sont finalement constitué en collectif, et autoproclamées “Armée de Poutine”. Un escadron composée de jeunes femmes dévouées s’est constitué sur le réseau social russe Vkontakte.
Après les t-shirts déchirés, les admiratrices du chef du gouvernement russe sont passées au nettoyage de voiture en petite tenue.
Une forme de militantisme sexy peu appréciée par les féministes russes, qui se sont organisées à leur tour, pour former une “Armée anti-Poutine”.
Les médias ont pour leur part relevé la présence de conseillers de communication du Kremlin lors du premier rassemblement de « l’armée de Poutine ». Les jeunes femmes ont pourtant toujours revendiqué la spontanéité de leur action.
Manipulation ou engouement populaire ?
Difficile en effet de faire la part des choses entre manipulation politique et phénomène spontané. “Vladimir Poutine a toujours bénéficié d’une notoriété de bel homme, éternellement jeune et très sportif », note l’historien Jean-Pierre Arrignon. Malgré quelques polémiques, Vladimir Poutine a su cultiver l’image du bon mari et du bon père de famille. Durant son premier mandat, un groupe de jeunes chanteuses lui avait d’ailleurs rendu un vibrant hommage sur ce thème, avec le tube “je veux un homme comme Poutine. » Cet hymne chantait les louanges d’un Poutine-homme parfait: « Je veux un homme comme Poutine, plein de force, un comme Poutine qui ne me serait pas alcoolique, qui ne me frapperait pas, qui ne s’enfuirait pas ! »
Dans un pays où près d’un tiers de la population masculine est touchée par l’alcoolisme, et où l’espérance de vie des hommes ne dépasse pas les 59 ans, “Vladimir Poutine apparaît comme une véritable force de la nature, en opposition aussi avec les dirigeants usés qui l’ont précédé“, constate Jean-Pierre Arrignon, qui estime que “le mouvement a sans conteste une part de spontanéité », née d’une admiration bien réelle pour celui qui « incarne la transformation de la Russie. »
Au-delà du marketing politique, il existerait donc bel et bien un “phénomène Poutine”, que le pouvoir se fait fort de mettre en scène pour booster sa campagne électorale.
Liza Fabbian
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