Les nominations de la 37e édition ont encore réservé leur lot de polémiques.
Pour son édition 2012, la grand-messe de la profession s’est attiré les foudres de Mathieu Kassovitz, déçu du sort réservé à son film L’Ordre et la Morale, suivies de l’habituel cortège des commentaires désabusés. Qu’ils snobent les succès populaires (Les Petits Mouchoirs en 2011) ou rejettent les films plus fragiles (entre autres Tomboy ou Donoma cette année), les César mécontentent à peu près toutes les chapelles et alimentent fantasmes et théories un brin complotistes.
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Le culte du secret
En partie responsable, l’Académie des arts et techniques du cinéma, présidée par Alain Terzian, parle peu et maintient la sélection dans un culte du secret. « Pour éviter les polémiques, les César devraient peutêtre communiquer davantage sur leur organisation », estime le producteur historique de Mathieu Kassovitz, Christophe Rossignon.
L’Académie publie bien l’ensemble de son règlement sur internet mais la question de la transparence se pose surtout quant à l’identité des votants. Contrairement aux oscars (qui publient une liste de ses happy few), les César refusent de dévoiler les statistiques de leurs membres, tous recrutés dans les rangs de l’industrie du cinéma selon un même principe (demande écrite, double parrainage, justificatifs professionnels).
« Nous devrions savoir précisément qui vote : quelle part de retraités, d’actifs, quelle proportion de producteurs, de scénaristes ou de techniciens », poursuit Christophe Rossignon.
C’est aussi le nombre de votants qui dérange : 3 880 membres en 2012, répartis entre onze collèges de métiers (des acteurs aux attachés de presse), contre 3 812 l’année dernière et 3 460 en 2008. « Il faut s’interroger sur la forte hausse des votants, estime David Thion, producteur à la société Les Films Pelléas (Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Løve). Il y a une représentation majeure des films vus à Cannes ou des succès publics, et la sélection finale commence à ressembler au goût du plus grand nombre. »
Une concentration de nominations sur certains films
Si l’Académie multiplie les efforts pour ouvrir son palmarès à tous les cinémas (hausse des nominations à sept films, réalisateurs et acteurs/trices, contre cinq précédemment), elle n’a pas pu éviter une concentration sur certains titres : Polisse, Intouchables ou The Artist cette année.
Ce phénomène affecte surtout les catégories plus fragiles, comme les meilleurs espoirs : soumis à une sélection préalable par un comité de dixhuit directeurs de casting (qui propose une liste de trente-deux noms), les acteurs retenus sont souvent les plus visibles, déjà connus des professionnels.
« Il faut d’abord que l’on s’accorde tous sur la liste à proposer aux votants, et donc on tombe souvent sur un consensus qui exclut les acteurs les moins connus », explique Christelle Baras, membre du comité.
Résultat, les mêmes noms apparaissent à intervalles réguliers dans la liste des meilleurs espoirs d’une cérémonie qui peine un peu à suivre le mouvement du cinéma français.
Romain Blondeau
Cérémonie des César vendredi 24 février à 21 h en clair sur Canal+
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