Le plus intelligent réalisateur de comédie à l’italienne était un peintre fabuleux de l’Italie post-fasciste.
LES FILMS :Deux oeuvres très représentatives de la comédie italienne, et plus encore du cinéma de Dino Risi, sans doute son représentant le plus intelligent : drôles, grinçantes, analytiques de la société et de la psychologie italiennes (Risi fut psychiatre avant de se tourner vers le cinéma) pendant les années de reconstruction qui ont suivi la période fasciste et la guerre. Une vie difficile raconte les vaines tentatives d’un journaliste médiocre, au sortir de la Résistance, pour faire son trou dans une société de plus en plus corrompue. La réussite du film tient au fait que ce personnage (dans lequel Alberto Sordi se montre génial) est à la fois ridicule, pathétique, facilement menteur et paresseux, mais fondamentalement honnête, intransigeant sur l’essentiel : sa morale politique. Le spectateur oscille en permanence entre le rire et la compassion. Et puis il y a dans le film une scène entre réalité et rêve, hors du temps, assez extraordinaire : lors d’une visite à Cinecittà, notre héros rencontre dans un décor de péplum des nobles désargentés costumés en saints, devenus figurants pour survivre… Au nom du peuple italien a été tourné dix ans plus tard, mais pourrait l’être aujourd’hui, tant il semble intemporel. Ugo Tognazzi y interprète avec sobriété un juge de gauche incorruptible convaincu de la responsabilité d’un entrepreneur parvenu, roublard et cynique (Vittorio Gassman, grandissime), dans la mort d’une call-girl. Bien que le film soit extrêmement drôle, vachard, toujours juste même dans la farce, avec de brillants dialogues écrits par Age et Scarpelli, deux grands et mythiques scénaristes italiens, sa morale est d’une grande amertume : dans une société gangrenée (par la corruption, le spectacle, l’argent, la consommation et la pollution), la justice ne peut être rendue qu’en commettant une injustice… Dino Risi, dans chacun de ces deux films, conserve toujours à ses personnages leur part d’humanité : fragiles quand ils sont antipathiques, capables du pire même quand ils sont sympathiques.
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LES DVD : Zéro bonus. Dans la même collection, StudioCanal édite deux films de Luigi Comencini, La Ragazza, et le célébrissime L’Argent de la vieille, ainsi qu’un film à sketches de Vittorio De Sica avec Shirley McLaine : Sept fois femme.
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