NOUVELLE CUISINE
DE FRUIT CHAN
avec Bai Ling, Miriam Yeung, Tony Leung Ka-Fei (1 h 31)
Un film se voulant hors normes, mais qui ne demeure qu’une série B très banale.
Madame Li ne supporte pas d’être délaissée par son époux pour une rivale plus jeune. Elle a recours aux talents d’une spécialiste du ravioli rare et cher à base de fœtus humain, recherché pour ses vertus surnaturelles, notamment celle de rajeunir celui qui s’en nourrit. Résurgences saumâtres, comme un air de déjà vu ? Normal : Nouvelle cuisine n’est autre que la version longue de l’un des courts métrages du film à sketchs panasiatique 3 extrêmes, découvert l’année dernière et aussitôt oublié. Quoi de neuf au menu de cette variante étirée de la même histoire ? Rien de sensationnel. Une raison d’être pour certains personnages secondaires, un peu plus de chair sur les flancs d’un récit qui en manquait, du gras aussi, quelques scènes superfétatoires. Surtout, une allure plus nonchalante encore de narration très (trop) sûre de sa force tranquille, entichée de sa propre bizarrerie qui s’affirme au fil du film comme son unique argument. Star à contre-emploi (Miriam Yeung est une figure de la comédie cantonaise grand public) ; scénario sans sursaut ni détour, au tissu horrifique minimal, dépouillé de tout effet choc et fondé sur la petite abjection singulière du synopsis ; appareil formel excessivement soigné pour un film d’exploitation de la photo un rien clinquante de Chris Doyle à la mise en scène sobre et posée de Fruit Chan ; sujet à la lisière des genres : il n’en faut pas plus à Nouvelle cuisine pour se rêver tout à fait hors normes et franchement désirable. Hélas, aucune de ses composantes pas même son argument anthropophage n’en fait autre chose qu’une série B banale et, s’il n’y a là rien de honteux, on est en droit de ne pas trouver cela très intéressant.
Julien Gester
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