Le groupe enclenche sa révolution numérique et entend donner du fond à la toile, au-delà des seuls vidéos et podcasts à succès.
« Et lorsqu’internet tombe en panne… vous pouvez toujours revenir à votre poste pour écouter la radio, hum. » Pour Joël Ronez, directeur des nouveaux médias à Radio France, la plaisanterie n’est pas si innocente. C’est avec elle qu’il a conclu sa conférence de presse présentant la nouvelle stratégie numérique du groupe. C’est donc elle qui marquera l’entrée irréversible dans une nouvelle ère. Ecouter la radio procédera dorénavant d’un éventail de comportements : cliquer avec une souris, actionner sa télécommande, tapoter sur son smartphone, son iPod, sa tablette…
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Déjà deux succès : les podcasts et la mise à disposition de vidéosbuzz
C’est sur ce (re)déploiement que l’on attendait France Inter et ses consoeurs, jusqu’ici en dessous de leur potentiel. Comme si le service public, trop certain de la qualité de son flux, avait mis du temps à se convertir au numérique. D’où ce sentiment « très proche de la frustration » chez Jean-Luc Hees qui reconnaît qu’il lui a « fallu du temps » – pour débloquer les fonds.
Radio France ne part pourtant pas de zéro puisqu’au moins deux de ses chantiers ont rencontré le succès : l’offre de rattrapage (excellente audience des podcasts) et la mise à disposition de vidéosbuzz (Guillon, Porte, Aram, etc.) qui prouvent le potentiel d’auditeurs cachés chez les internautes info-addicts. Ils ne le reconnaîtront pas explicitement mais l’image est sans doute le centre névralgique de la stratégie des dirigeants (et de leur budget de 6,7 millions d’euros – en hausse de 65 %).
« Il ne faut pas laisser les écrans noirs », a récemment noté Joël Ronez sur France Info.
C’est à la lumière de cette profession de foi qu’il faut comprendre l’installation de caméras dans tous les studios et le doublement des vidéos éditées. S’ajoutent à cela la captation accrue des concerts et le désir de doubler certains reportages par leur filmage. De la télévision au rabais ? Joël Ronez s’en défend, préférant développer l’oxymore d' » image de radio », qu’il lui conviendra d’affiner.
L’info devra elle aussi se prêter à un toilettage avec un primat donné aux formats courts (les documentaristes apprécieront), la rapidité de réaction, l’interactivité. L’idée est d’adapter ces nouvelles formes aux applications pour mobiles et tablettes, autres cibles de prédilection. Car le champ d’action de Radio France est autant vertical qu’horizontal : optimisation des acquis (refonte des sites, amélioration des players, etc.) et surtout présence des offres sur un maximum de plates-formes, systèmes d’exploitation, etc.
Si l’effort semble moins dirigé vers les réseaux sociaux, l’attention portée aux contenus inédits promet d’être soutenue. Avec Le NouvO Son, Radio France se dotera par exemple d’une plate-forme expérimentale pour le multicanal et produira des oeuvres dédiées au 5.1 (compatibles avec cinq enceintes format home-cinéma) et au binaural (pour les casques). Encore plus ambitieux, un site musical regroupera à la rentrée l’ensemble des contenus du groupe, des directs vidéo aux émissions thématiques. De quoi, peut-être, marquer le paysage musical français comme l’a fait Arte Live Web pour le spectacle vivant.
Pascal Mouneyres
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