Où BHL se mesure une fois de plus à trop grand pour lui : cette fois-ci, les Etats-Unis.
Je n’ai jamais compris l’intensité de la hargne qui vise parfois BHL. Le seul angle critique pertinent le concernant me semble être son travail : l’homme à la chemise blanche est un philosophe-essayisteromancier- cinéaste-touche-à-tout surcoté par une bonne partie de ses amis de la presse et qui a lui-même une tendance gentiment mégalo à se mesurer à bien plus grand que lui. Dans American Vertigo il se mesure à Tocqueville, rien que ça. Puis, en une heure et demie, il nous propose une traversée des Etats-Unis d’Est en Ouest et du Nord au Sud – ce qui fait beaucoup en peu de temps. Le résultat est une sorte de diaporama au pas de charge où la relation texte-images est convenue, où chaque étape est expédiée en quelques minutes. Le spectateur n’a jamais le temps d’habiter les plans, de s’imprégner de l’immensité et de la complexité du pays, le film passant d’un sujet à l’autre comme en avalant et recrachant des morceaux vite fait. Cela dit, épousant un bon dosage admiratif et critique des Etats-Unis, BHL ébauche des choses intéressantes sur l’architecture, les paysages, la route, le fondamentalisme religieux, l’exclusion, le système carcéral, la balkanisation de la société, mais on est dans la notation de surface plus que dans la réflexion approfondie. American Vertigo pourrait correctement meubler un Envoyé spécial, c’est un carnet de route, un bloc-notes illustré, dont la forme n’est ni pensée ni travaillée.
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