Jusqu’ici inédite en France, La Légende de Zu est la suite de Zu, les Guerriers de la montagne magique (1983), titre qui révéla le cinéaste prodige Tsui Hark au public occidental.
LE FILM : En adaptant les mythologies fantastiques et le folklore chinois aux effets spéciaux importés des Etats-Unis, Tsui Hark entendait avec le premier Zu dépoussiérer l’industrie cinématographique de Hong-Kong et donner libre cours à son génie visionnaire. Mélange délirant de science-fiction, de légendes ancestrales, de psychédélisme et de film de sabre à la King Hu, le film fut un des titres étendards, avec The Killer de John Woo, de la renaissance et de l’extraordinaire vitalité du cinéma hong-kongais dans les années 80.
Vingt ans et quelques désillusions plus tard, Tsui Hark n’est plus le wonderboy frénétique capable de produire et de réaliser des chefs-d’œuvre à la chaîne. Victime d’un essoufflement créatif, de la crise économique et d’une infructueuse parenthèse à Hollywood avec Jean-Claude Van Damme, son étoile a pâli depuis son dernier grand film, The Blade, en 1995.
Force est de constater que le cinéaste a retrouvé de son panache et de sa folie légendaire avec La Légende de Zu, dont on n’attendait pas grand-chose. Le film, ésotérique à souhait, est un festival d’effets spéciaux numériques et de séquences hallucinantes, parfois très belles, où Tsui Hark s’affranchit des lois de l’apesanteur, de la logique et du réel pour se livrer à un extravagant inventaire des métamorphoses des images.
Les acteurs et les décors n’ont désormais qu’une existence virtuelle soumise aux caprices du cinéaste, sorte de Méliès postmoderne. La Légende de Zu est beaucoup plus intéressant et sympathique que tous les Matrix et Star Wars réunis, puisque l’ambition démiurgique et mégalomane de Tsui Hark ne se départ jamais d’un côté artisanal, bricolé et franchement bordélique propre au cinéma fantastique chinois.
LE DVD : Une édition simple mais de très bonne qualité, qui comprend une introduction du maître à penser de cette nouvelle collection « Asian Star », Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier a raison de souligner que La Légende de Zu marque une conclusion dans la carrière de Tsui Hark, un adieu à son obsession des effets spéciaux numériques et du refus du cinéma traditionnel, puisque le prochain et très attendu film du cinéaste, Seven Swords, variation autour des Sept Samouraïs de Kurosawa, a été tourné sans le moindre trucage et avec un souci maniaque d’authenticité et de réalisme.
Olivier Père
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}