VOL : WHISKY ROMEO ZULU D’ENRIQUE PIÑEYRO
avec Enrique Piñeyro, Mercedes Moran, Alejandro Awada
L’incurie d’une compagnie d’aviation argentine, décrite avec un luxe de détails par un ancien pilote qui a utilisé sa propre expérience pour réaliser un thriller tendu.
Enrique Piñeyro a suivi un parcours assez particulier. Successivement médecin, pilote, puis acteur dans le cinéma argentin, il est passé de l’autre côté de la caméra avec ce film autobiographique, qu’il interprète également. Il joue son propre rôle, celui d’un commandant de bord dans les années 1990 en Argentine, employé dans une compagnie aérienne assez miteuse où personne ne respecte les consignes de sécurité. Râlant, luttant constamment, Piñeyro finira par jeter l’éponge en 1999. Peu de temps après se produira une catastrophe qu’il avait prédite…
Vol : Whisky Romeo Zulu est donc plus un film-dossier dans le style du Révélations de Michael Mann qu’un film social typiquement argentin. Bien sûr, Piñeyro n’est pas Michael Mann. Il n’a pas son sens du suspense ni du filmage. Et puis on se passerait de ses flash-backs sur ses amours enfantines. Sa vraie réussite, c’est sa description fouillée du milieu de l’aviation civile, des rapports (conflictuels) du héros avec ses collègues et employeurs. Il y a une qualité documentaire évidente dans cette description (des procédures de vol, des contrôles, des dialogues avec les techniciens, du séjour au Brésil pour l’entraînement sur un simulateur de vol). Sur ce plan, le pilote-acteur ne craignait évidemment personne. Cela ne l’a pas empêché, par-dessus le marché, d’introduire une dimension amoureuse dans le récit qui exprime un certain conflit entre amour et travail. Mais cet aspect n’est pas décisif.
Donc un film assez tendu et construit (hormis les flash-backs déjà cités) sur le mode des thrillers américains, dont l’atout majeur est Piñeyro lui-même, à la fois objet, sujet, verbe et complément de son propre récit. Un film politique en définitive, qui en dit beaucoup sur la situation de l’Argentine d’il y a quelques années, saignée à blanc par ses gouvernements archilibéraux, qui ont organisé la mise à sac de ses infrastructures, transports, commerces, pendant des années.
Vincent Ostria
Sortie le 29 juin.
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