LA COLLINE A DES YEUX d’Alexandre Aja avec Aaron Stanford, Ted Levine, Kathleen Quinlan.
Revisitation très middle of the road du classique seventies de Wes Craven.
De la déferlante de décalques de classiques du cinéma d’horreur américain, ce remake du deuxième film de Wes Craven n’est ni le meilleur – il lui faudrait pour cela égaler la puissance d’invention plastique et théorique de La Maison de cire -, ni le pire avatar – on est loin de la calamité risible Fog. Du Craven, Aja a retenu un peu de la brutalité viscérale, quelques cadrages reproduits au millimètre et un synopsis très seventies, délesté néanmoins de toute sa complexité souterraine et annexé à un antibushisme schématique. Quant au décor désertique, il n’est plus le terrain de chasse quadrillé d’êtres monstrueux qui s’attaquent aux égarés, c’est une prison à ciel ouvert et aux délimitations mouvantes, indéfinies, que sillonne une mise en scène dont le maniérisme aigu s’abreuve abondamment aux codes visuels et formels du jeux-vidéo. Alternant tics et élégantes saillies, le film peine d’abord à soutenir la comparaison avec son modèle, puis déçoit tout à fait lorsque, après avoir esquissé le geste d’incorporer un peu d’altérité et de monstruosité à sa sauvagerie domestiquée sous la forme d’une bambine mutante qui prend le parti du héros, il se débarrasse de ce corps difforme trop encombrant et fait de la survie finale l’apanage des bien-portants.
Julien Gester
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}