STRUGGLE DE RUTH MADER
avec Aleksandra Justa, Gottfried Breitfuß, Martin Brambach
Malgré un début prometteur sur l’aliénation contemporaine, le film s’enferme dans sa noirceur glaciale, confirmant la violence désespérée du cinéma autrichien.
Du titre, le film semble davantage retenir le caractère étranglé de sa sonorité que sa véritable signification. En effet, plus qu’une lutte, s’opère ici une progressive strangulation des personnages et du spectateur, vu la construction complètement fermée sur elle-même et d’une noirceur définitive que nous propose l’Autrichienne Ruth Mader. Pourtant, le début de Struggle offre d’intrigantes et prometteuses séquences. Une femme enchaîne petit boulot sur petit boulot, encaissant sans broncher l’angoisse et l’humiliation des recherches clandestines, filmées en bord de route comme des scènes de tapin, et subissant l’ingratitude des gestes robotisés. La rigueur du cadrage, la sécheresse du montage mettent en évidence, dans une abstraction glaciale, la répétition mécanique et, à travers elle, la négation de toute humanité. Les choses se corsent quand entre en scène un agent immobilier dont la sexualité plutôt tordue témoigne d’une autre mécanique qui s’emploierait, elle aussi, à réduire l’homme à l’état de machine. Dans l’emboîtement qu’il impose de ces deux univers, en fermant sa boucle, le film reste clos à sa propre humanité et confirme le caractère profondément désespéré du cinéma autrichien.
Amélie Dubois
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