COLLECTION JERRY LEWIS LE DINGUE DU PALACE (1960), LE ZINZIN D’HOLLYWOOD (1961), LE TOMBEUR DE CES DAMES (1961), DR JERRY ET MISTER LOVE (1963), JERRY SOUFFRE-DOULEUR (1964)
(Paramount, environ 20 e chaque DVD)
Une excellente collection de cinq films, et leurs bonus documentaires, pour revisiter l’essentiel du travail d’un génial clown-cinéaste.
Audace, rire et virtuosité.
LES FILMS : Ou comment vérifier, en cinq films, que le génie de Jerry Lewis n’est pas une invention des critiques français ou une lubie de cinéphile. Dès son premier film, Le Dingue du palace, Jerry Lewis fait preuve d’une audace et d’une invention burlesque proche de l’expérimentation. Dans les films suivants, il ajoute à son art du gag une vision très satirique des valeurs américaines et de l’usine à rêves hollywoodienne. Le Zinzin d’Hollywood est un des films les plus drôles et ironiques jamais réalisé sur les studios et le star-system. Le Tombeur de ces dames est l’affirmation, jusqu’à l’exhibitionnisme, des ambitions et des audaces du clown transformé en cinéaste démiurge.
Lewis est le dernier représentant d’une tradition du music-hall, mais aussi un artiste moderne, en phase avec les bouleversements formels des années 60, au sein même du divertissement hollywoodien. Mais Lewis ne se contente pas d’utiliser la machinerie des studios comme un luxueux jouet. Ses films dessinent le profil psychanalytique de l’homme américain, et envisagent les rapports entre les hommes et les femmes, faussés par le culte de la séduction et de la beauté, sous la forme d’un cauchemar agressif et clinquant. Dr Jerry et Mister Love est l’adaptation géniale du roman de Stevenson dans laquelle Jerry Lewis dénonce le culte de l’apparence. Le film réussit l’exploit d’être une comédie hilarante et un film fantastique d’une virtuosité éblouissante. Lewis est un clown génial, un transformiste hallucinant, mais c’est également un metteur en scène extrêmement brillant dont la fluidité de la mise en scène et l’utilisation de la couleur influenceront des cinéastes comme Scorsese, De Palma ou Carpenter. Mis à part le très brillant Jerry souffre-douleur, les films suivants de Lewis n’apporteront hélas rien de neuf à son œuvre, si ce n’est une amertume et un pessimisme de plus en plus palpables.
LES DVD : Présentés dans des copies de bonne qualité, les films sont accompagnés de suppléments de choix : des bêtisiers d’époque avec les blagues de Jerry Lewis sur les tournages, des docus et surtout les commentaires audio récents et assez blagueurs de Jerry en personne.
Olivier Père