OTTO PREMINGER
TEMPETE À WASHINGTON ; SAINTE JEANNE ; LA LUNE ÉTAIT BLEUE ; LE CARDINAL ; L’HOMME AU BRAS D’OR ; THE HUMAN FACTOR
(Aventi, environ 17 e chacun)
LES FILMS : Que des chefs-d’œuvre, ou peut s’en faut.
Avec Lang, Walsh et Losey, Otto Preminger
faisait partie du carré d’as des MacMahoniens, célèbre groupe de critiques des années 50 qui privilégiait un classicisme sobre, dépouillé, sans fioriture, fondé sur l’idéal d’une mise en scène « invisible ».
On comprend bien cette utopie esthétique en (re)voyant le cinéma géométrique et rigoureux de Preminger, un cinéma où la mise en scène semble toujours au service de l’histoire et du sujet, évitant à la fois la platitude illustrative (plaie des cinéastes médiocres) et les excès décoratifs (plaie des cinéastes vaniteux).
Exemples de cette adéquation quasi parfaite entre le fond et
la forme, Tempête à Washington, sur les intrications complexes entre vie privée, vie publique et cercles du pouvoir (un film politique dont on conseille vivement la vision à l’heure où sort Fahrenheit 9/11) ; Le Cardinal, où le parcours chaotique d’un religieux depuis une petite paroisse perdue jusqu’aux cimes du Vatican sert de prétexte à une vaste réflexion historique, politique et métaphysique, et à la mise en scène somptueuse d’une institution, l’Eglise catholique, elle-même très portée surle décorum et le spectacle ; quant à The Human Factor, film à la fois ultime et méconnu de Preminger, c’est un chef-d’œuvre mélancolique sondant les affres existentielles d’espions écartelés entre leur vie privée, leur profession et leur vision du monde. Ces trois films analysant le conflit entre raison et passion, ambition et bonheur modeste, être et pouvoir, sont complétés par les célèbres L’Homme au bras d’or et Sainte Jeanne, et le plus rare La lune était bleue.
LES DVD : Les jaquettes sont sobres et belles, le prix est amical. En revanche, les bonus sont quasi inexistants, tarif réduit oblige. Les cinéphiles payent au prix fort cette collec « économie » : Tempête à Washington et Le Cardinal, originellement en Scope, sont ici présentés en Pan & Scan. Par ailleurs, certaines copies ne sont pas parfaites. Bref, cette série pose un vrai dilemme entre l’excellence des films présentés et la médiocrité de leur édition, dilemme qui n’existe pas avec le remarquable travail de Carlotta sur un autre Preminger (lire ci-dessus).
Serge Kaganski
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