AVIATOR DE MARTIN SCORSESE
avec Leonardi DiCaprio, Cate Blanchett, Kate Beckinsale(TF1 Vidéo, environ 20 e)
LE FILM : Depuis une dizaine d’années, disons depuis Casino, les films de Martin Scorsese sont irréductiblement étranges.
Parfois sur le mode de la saturation : trop d’effets, trop de vouloir-dire, trop de signature. Cela donne A tombeau ouvert ou Gangs of New York. Parfois, au contraire, le film ne pèse rien. Sa brillance consiste à laisser le moins d’empreinte possible. A l’intérieur, il se fait comme un vide. C’est Kundun, ou encore Aviator, film-fleuve, grand show historique, léger comme une plume. Ce romanesque sans affect, cette façon de traverser la folie, les drames, les triomphes et les naufrages à la façon alerte d’un show de Broadway vu du dernier rang du poulailler, cette distance sidérale qui fait apparaître le monde comme une bulle colorée dont l’agitation extrême n’est plus qu’un écho assourdi, c’est à la fois très étrange, comme la marque d’un renoncement de quelqu’un qui a beaucoup cru au pathos, et c’est évidemment beau, peut-être même très émouvant. A la fin, Hughes est seul face au trauma mis à jour de son enfance. La folie est là, devant la glace, et cela ne fait pas peur. Il y a comme un écart. Seul un aviateur peut fixer à ce point le vide sans éprouver aucun vertige.
LE DVD : Pas moins de trois éditions. Evidemment, la plus modeste suffit. La double contient deux heures de bonus. L’édition collector comprend carrément 3 DVD et une débauche de documentaires sur Hughes, l’aviation, les TOC… Quelques belles images d’archives font saillie, comme ces quelques plans de l’avant-première de Hell’s Angels à Hollywood au début des années 30, avec l’arrivée de Hughes en moto sur le red carpet.
Jean-Marc Lalanne
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