Marianne Faithfull, reine des glory holes : une comédie salace dans l’Angleterre middle-class.
Un jeune couple d’Anglais modestes désespère de ne pouvoir réunir l’argent nécessaire à l’ultime opération qui permettrait à leur enfant de guérir d’une grave maladie. La grand-mère paternelle, Maggie, a déjà vendu sa maison, mais elle serait prête encore à tous les sacrifices pour sauver son petit-fils. Armée d’une vaillance inébranlable, elle part donc à la recherche d’un job, mais se voit exclue comme une malpropre de tout circuit professionnel en raison de son âge et de son inexpérience. Abattue par son impuissance, elle erre dans les rues de Soho jusqu’à ce que son regard s’arrête sur une petite annonce accrochée à la devanture d’un cabaret érotique.
Irina Palm commence un peu comme un film de Mike Leigh, le sens du détail réaliste en moins. Un manque de sérieux quand on envisage de donner à son inclination mélodramatique une certaine couleur sociale. La banlieue londonienne où vivent les personnages existe à peine, juste le strict nécessaire pour leur donner un cadre de vie. Même entre les murs du Sexy World, où Maggie révèle des talents insoupçonnés dans l’art de la branlette, l’ambiance supposée chaude est à la tiédeur. C’est parce que tout le film ne semble converger que vers une seule idée, pourtant maigrichonne, au détriment de tout le reste : son tour de passe-passe olé olé, ce trou dans lequel les hommes glissent leur sexe (qu’on ne voit jamais) à l’adresse des mains expertes de “super Granny” qui remonte alors ses manches pour astiquer celui de ces messieurs. Passé une bonne demi-heure, on craint le pire : comment peut-on composer sérieusement avec cette donne scénaristique aussi glauque qu’invraisemblable ?
Certes, la fadeur de la mise en scène du Frenchie Garbarski, passé outre-Manche (et déjà peu convaincant avec Le Tango des Rashevski), allège à sa manière la mule, mais demeure tout de même un malaise face à la gratuité et au sadisme de cette dévotion gluante imposée au personnage. Heureusement, un rajustement comique s’opère en cours de film qui s’avère bien plus approprié à la situation : on y sent d’ailleurs Marianne Faithfull nettement plus à l’aise. Dommage que ce ton n’ait pas été donné depuis le début et maintenu jusqu’à la fin car c’est indéniablement dans ce registre-là – le contraste entre le tablier de ménagère de Maggie et son activité manuelle – que le scénario fonctionne et que les personnages s’affirment un tant soit peu.