« Ultimate Care II » a été exclusivement bricolé avec des bruits de machine à laver. Essorage de cerveau garanti.
Pour faire simple on pourrait dire : il y avait l’urinoir de Duchamp, il y aura le lave-linge de Matmos. Sauf que, si tous les sons de Ultimate Care II proviennent exclusivement de la machine qui lui donne son titre et que l’album dure le temps d’un cycle de lavage, la chose n’a rien d’un ready-made. Reprenons avec les intéressés :“C’est notre machine, on est chez nous, c’est de la paresse ! Mais elle s’est révélée un incroyable générateur de sons : on y a trouvé des cymbales, de la caisse claire, des accordéons, un xylophone !”, expliquent avec enthousiasme Martin et Drew. On entend aussi au fil de l’album de la house, du jazz, du gabber…
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L’appareil, puis le son, sont triturés, mais l’objet-source se rappelle à nous. L’empirique contre-attaque. “On opère un va-et-vient entre travail extrême et retour au son brut. La machine est comme un nouveau membre du groupe, avec ses gimmicks et ses propres rythmes qui nous ont emmenés ailleurs.” D’autres collaborateurs ont tripoté la chose, de Dan Deacon à Sam Haberman :
“Ce sont pour la plupart des amis qui viennent laver leur linge chez nous : on est le couple bourgeois de la bande ! Sam a joué de la batterie sur la machine même. Max Eilbacher en a conçu une simulation 3D qui lance des événements musicaux chaque fois qu’une fringue touche la paroi. Du concret et du conceptuel.”
Etonnamment, Ultimate Care II est surtout très musical et regorge de moments catchy. “Le début demande un effort, mais la suite est pleine de structures pop. L’inverse de nos autres albums, où on allait de l’ordre au chaos. Ici, le chaos tambourinant aboutit à la civilisation : la chemise propre !” Le résultat donne envie de relancer la machine : vraiment du bon mat(m)os.
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