LE FILM : Ce film de guerre inspiré par Les Croix de bois – le film que tira Raymond Bernard, en 1932, du célèbre roman de Roland Dorgelès, coscénarisé par William Faulkner et photographié magnifiquement par le grand Gregg Toland (futur chef-op de Citizen Kane) – se déroule dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. […]
LE FILM : Ce film de guerre inspiré par Les Croix de bois – le film que tira Raymond Bernard, en 1932, du célèbre roman de Roland Dorgelès, coscénarisé par William Faulkner et photographié magnifiquement par le grand Gregg Toland (futur chef-op de Citizen Kane) – se déroule dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Deux officiers français, l’un aguerri, le capitaine Laroche (Warner Baxter), l’autre plus vert mais déjà décoré, le lieutenant Denet (Fredric March), vont s’opposer. C’est à la fois la guerre et une femme, une jeune et jolie infirmière (la peu crédible June Lang, qui donne l’impression de n’avoir rien à faire de ses journées), dont les deux hommes sont amoureux, qui vont d’abord séparer puis relier les deux hommes, comme si la mort et l’amour ne faisaient qu’un. Les Chemins de la gloire présente également une peinture réaliste, précise et parfois étonnante des combats de 14 (comme, par exemple, cette scène extraordinaire où les soldats français se rendent compte que les Allemands sont en train de creuser une galerie sous leur tranchée pour les faire sauter, sans être en mesure de connaître le moment où aura lieu l’explosion ou d’y parer). C’est aussi un film sur la filiation, la transmission. Le capitaine Laroche, rongé par un mal intérieur dont nous ne saurons rien, va retrouver parmi ses nouvelles recrues son père (qui, pour cacher son lien familial, a pris un pseudo et répond désormais aux doux nom de Morain), ancien combattant de la guerre de 70 qui a décidé de retourner sous les drapeaux pour défendre son pays – interprété par le grand Lionel Barrymore, le grand-père de Drew. Le père et le fils vont eux aussi se retrouver unis (je vous laisse deviner ou découvrir dans quoi), tandis que le lieutenant Laroche reprendra le flambeau de la compagnie (et le cœur de l’infirmière…). Enfin, la sécheresse, la rapidité de trait de la mise en scène font mouche à tous les coups. L’absence de jugement moral sur la guerre (elle est là, un point c’est tout, et les hommes sont obligés de la faire sans se poser la question de son bien – ou de son mal – fondé) s’avère paradoxalement plus efficace que tous les grands discours : ce sont les faits, les actes des hommes qui chargent peu à peu le film en émotion, comme un canon plein jusqu’à la gueule.
LE DVD : Une très longue (45 minutes) et passionnante présentation du film par Jean-François Rauger, de la Cinémathèque française et du Monde, et un entretien avec Paul Vecchiali (magnifique avec sa barbe blanche) sur Hawks.