Rocky revisite les lieux de mémoire de sa saga. Stallone, cinéaste classique et acteur génial.
LE FILM : Ce sixième volet des aventures de Rocky pose la question classique qui vient couronner toute trajectoire elle-même couronnée de réussite : que reste-t-il lorsqu’on on a tout eu, l’ascension, la gloire et l’amour ? La piste du combat ultime qui viendrait tester à la fois la vivacité des forces du héros et son adaptation aux nouvelles règles du monde contemporain, bref son éternité sans cesse renouvelée, est traitée secondairement, sous la forme d’un combat de boxe nouveau genre vite expédié. Stallone préfère revisiter tous les lieux emblématiques de la vie de Rocky, comme un parcours de mémoire qui ferait revenir les fantômes, fixerait les souvenirs et réaffirmerait les liens de l’amour et de l’amitié. Comme souvent dans les bons Rocky, ce sont ces longues scènes d’introspection et d’échanges psychologiques qui sont les plus belles, scènes à laquelle la mise en scène de Stallone, qui a retenu toutes les vertus du cinéma classique (découpage patient, attention aux visages, rythme assuré), accorde une tranquillité ahurie très attachante : Rocky n’en finit pas de se découvrir homme parmi les hommes, en prise avec des difficultés humaines dont la simplicité de formulation n’a d’égale, en une équation toute classique là aussi, que leur profondeur. Les bons Rocky seraient ainsi, plutôt que la préparation de combats physiques, la lente exposition de bilans biographiques. A-t-on assez dit que Stallone était un acteur génial ? Il a commencé comme le petit frère du Marlon Brando dirigé par Mankiewicz dans Jules César (même élocution gloubi-boulga, même oeil tombant, même incongruité physique), il finit ici comme le petit frère de Victor Mature (visage à la sensualité torve et mal équilibrée). Acteur aux jointures corporelles explosives et à l’intériorité soigneusement cachée, il sait parfaitement choisir le moment où doivent jaillir les colères longtemps enfouies et les forces longtemps cachées.
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LE DVD : Outre les habituels making-of, scènes coupées, aperçus documentaires, on dispose d’un commentaire audio tranquille et avisé de Sylvester Stallone qui accompagne tout le film.
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