L’occasion de se repencher sur un acteur essentiel de l’expérimental allemand.
Au commencement, il y a le krautrock. L’un des groupes les plus influents se nomme Ash Ra Tempel. Ils posent, notamment avec Schwingungen (1972), les bases du genre, et plus largement encore, de la musique moderne. A l’instar de Klaus Schulze (synthés et percussions), le guitariste Manuel Göttsching entame très vite une carrière solo. Inventions for Electric Guitar, son premier disque composé uniquement à partir de sons issus de cet instrument, trituré jusqu’à ne plus le reconnaître, est un long mantra planant reprenant tous les dogmes du kraut et les emmenant, à l’instar d’un disque de Popol Vuh, vers un ailleurs qui annonce un renouveau.
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Mais c’est avec E2-E4 que la révolution a lieu. N’ayant rien à envier aux productions de Warp de la fin des années 1990 (Aphex Twin et Autechre compris), ce disque, publié en 1984 mais enregistré fin 1981, est d’une inventivité aussi étonnante que les meilleurs albums de Kraftwerk. On y redéfinit tous les contours de la musique électronique présente et à venir. Comme le sous-entend sa pochette, E2-E4 est une célèbre ouverture aux échecs, nommée “l’ouverture du pion roi”. De Boards Of Canada à LCD Soundsystem (c’est particulièrement flagrant sur le disque 45:33), la musique moderne ne serait pas tout à fait la même sans cette pierre angulaire, toujours aussi riche et passionnante qu’il y a plus de trente ans.
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