SERGIO LEONE COFFRETS 2 DVD : ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS ; IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTIONDeux films intermédiaires du maestro italien, dans des éditions collector de qualité.LES FILMS : Nihiliste, cynique sans doute, Sergio Leone a dépecé le western américain de son humanisme, et l’a vidé de toute psychologie. Mais ce grand […]
SERGIO LEONE COFFRETS 2 DVD : ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS ; IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION
Deux films intermédiaires du maestro italien, dans des éditions collector de qualité.LES FILMS : Nihiliste, cynique sans doute, Sergio Leone a dépecé le western américain de son humanisme, et l’a vidé de toute psychologie. Mais ce grand vide, le conteur Leone l’a progressivement rempli d’émotions intenses, d’histoires scélérates, de l’histoire (américaine, italienne tout autant) et de références artistiques hétéroclites (John Ford en tête). Il faut redécouvrir le cinéma de Leone, longtemps trop populaire pour être considéré à sa juste importance, comme un art complexe du paradoxe. Monumental et intime, prosaïque et poétique, burlesque et tragique, hanté par l’Amérique mais profondément latin, chargé d’une « trivialité majestueuse », pour reprendre la définition parfaite de Luc Moullet. Leone, cinéaste à la solitude volontaire, a su enthousiasmer et fasciner les publics du monde entier avec des films à la construction de plus en plus insensée, quasi expérimentale. Quelques grands inventeurs l’avaient fait avant lui (Eisenstein, Chaplin, Hitchcock), mais Leone fut en revanche le dernier à y parvenir. Il était d’ailleurs le premier à connaître la dimension funèbre de son cinéma. Les deux films qui nous intéressent doivent être considérés comme des titres intermédiaires dans l’œuvre de Leone. Et pour quelques dollars de plus (1965) est le deuxième film de la « trilogie des dollars » tournée avec Eastwood, et Il était une fois la révolution se situe entre « … dans l’Ouest » et « … en Amérique ». Après le coup d’éclat de Pour une poignée de dollars, petit western européen anonyme transformé en triomphe mondial, Et pour quelques dollars de plus constitue la véritable fondation de l’édifice léonien, avec pour la première fois l’introduction d’une figure narrative récurrente : le flash-back traumatique que le metteur en scène dilue dans un scénario volontairement opaque, éclairant ainsi progressivement les motivations obscures des protagonistes, jusqu’à la révélation finale. Ce procédé sera repris dans Il était une fois dans l’Ouest et Il était une fois la révolution. En associant le personnage solitaire incarné par Eastwood à un chasseur de primes (Lee Van Cleef), Leone ouvre avec Et pour quelques dollars de plus une perspective essentielle dans son œuvre : l’amitié virile, toujours accompagnée, plus ou moins implicitement, de rivalité. Le couple Eastwood-Van Cleef est l’embryon de cette amitié, encore au seuil de l’avouable, et qui se dissimule en estime professionnelle. On retrouve cette dimension ludique du couple viril dans Il était une fois la révolution, avec cependant beaucoup plus d’amertume. Le révolutionnaire irlandais James Coburn et le voleur mexicain Rod Steiger, figures archétypales, y incarnent des hommes de race et de culture différentes, qui apprennent à se connaître lorsque le destin vient à les réunir, mais que la mort finit par séparer. Il était une fois la révolution (1971) est le seul film « accidentel » de la carrière de Leone. Ce n’est qu’en France qu’il est rattaché à une trilogie (« Il était une fois… »), puisque son titre italien, Giù la testa (« Baisse la tête »), fait preuve d’une ambition plus modeste. Déjà obsédé par le projet d’Il était une fois en Amérique, et considérant Il était une fois dans l’Ouest comme son adieu au western, Leone souhaitait seulement produire ce nouveau film (Sam Peckinpah et Peter Bogdanovich furent pressentis pour le mettre en scène) avant d’être contraint de le signer lui-même peu de temps avant le début du tournage. Leone entend donner sa propre version d’un sous-genre populaire en Italie à la fin des années 60, le « western révolutionnaire », où la tourmente mexicaine du début du siècle dernier servait de prétexte à des allégories politiques anti-impérialistes. Pour Leone, au contraire, toute révolution porte en elle sa propre trahison. Il préfère montrer la dissolution inévitable des idéaux dans la violence et le pouvoir, le triomphe stérile de l’individualisme, le règne de la trahison. L’anarchisme de droite du cinéaste romain explose dans cette fresque aux accents hugoliens qui n’est sans doute pas le chef-d’œuvre de son auteur, mais qui possède un lyrisme mélancolique proche de l’absolu et des morceaux de bravoure purement mythiques. LES DVD : Après une première édition française absolument honteuse d’Il était une fois la révolution (en version américaine incomplète dans une copie médiocre !), MGM présente ses excuses aux nombreux admirateurs de Leone avec ces deux magnifiques coffrets. Les films sont proposés dans des copies plus que parfaites, dans leur somptueuse intégralité (on découvre la citation de Mao en exergue d’Il était une fois la révolution), accompagnés de nombreux bonus de qualité ainsi que des commentaires savants et hyperdocumentés de Sir Christopher Frayling, biographe de Leone.
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