Les qualificatifs laudateurs pleuvent sur cette œuvre totale un peu empêtrée dans un gigantisme qui manque de relief.Chassés-croisés amoureux, amitiés et rivalités entre comédiens et marginaux au XIXe siècle, sur le “Boulevard du crime”. “Ce monument du cinéma français n’a jamais connu d’éclipse auprès du public, même durant la période assez longue (autour des années […]
Les qualificatifs laudateurs pleuvent sur cette œuvre totale un peu empêtrée dans un gigantisme qui manque de relief.
Chassés-croisés amoureux, amitiés et rivalités entre comédiens et marginaux au XIXe siècle, sur le « Boulevard du crime ». « Ce monument du cinéma français n’a jamais connu d’éclipse auprès du public, même durant la période assez longue (autour des années 50-70) ou il était de bon ton de mépriser Carné », écrit Jacques Lourcelles dans son respectable Dictionnaire du cinéma. Pour ma part, je dois être très snob, mais la seule chose qui me convainc dans le cinéma de Marcel Carné, c’est Michel Simon (dans Quai des brumes et Drôle de drame). Manque de pot, il brille ici par son absence. Certes, on trouve une belle brochette dans cette fresque de 3 h 10 (la deuxième partie sera diffusée le dimanche 25), truffée de décors et de figurants : Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, Louis Salou, Pierre Renoir, Marcel Herrand, etc. Hélas, le défilé de vedettes est plus un inconvénient qu’un avantage : chacun fait son numéro au détriment de l’autre dans cette œuvre-fleuve, par ailleurs très documentée sur l’époque et le lieu. Ces numéros d’acteurs insufflent au film une théâtralité permanente, mais il lui manque la dynamique du Carrosse d’or de Renoir, autre film mythique sur le théâtre, porté de bout en bout par la fougueuse Anna Magnani. Certes Arletty, alias Garance, est bien pimpante, mais elle ne sort pas des rails où la relègue un scénario compartimenté. Elle fait où on lui dit de faire, comme ses comparses. C’est pourquoi Les Enfants du paradis, malgré la vivacité de ses péripéties, semble plat et monocorde. C’est un film total, mais trop lisible et pas franchement palpitant. S’il fallait choisir un film de Carné, à tout prendre, on préfère Drôle de drame, où la fascination chronique de Prévert (scénariste fétiche de Carné) pour le crime atteint des sommets de loufoquerie absurde.
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