Suppliciés, enceints, handicapés ou frémissants de plaisir, les corps aperçus au cinéma cette semaine, de Steve McQueen à Lorant Deutsch, se montrent dans tous leurs états.
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Cette semaine, toujours et encore : le corps, dans tous ses états.
Affamé dans Hunger de Steve McQueen, coupe-faim plastique au bord de la complaisance sulpicienne mais porté à bout d’os par le gréviste irlandais de la faim Michael Fassbender, qui n’est pas qu’un supplicié cinématographique comme le démontre une longue scène de discussion didactique et nécessaire avec un prêtre, où l’acteur sait peser ses mots et sa parole, à défaut de peser cent kilos.
En chaise roulante dans la comédie L’Art de la Pensée Négative, qui confirme que les handicapés physiques – de Nationale 7 à Aaltra – peuvent être autrement saisis que par le prisme du pathos. Ici, un groupe de thérapie pour handicapés norvégiens est dynamité de l’intérieur par un réfractaire cynique, très porté sur les films sur le Vietnam et Johnny Cash. La séance part joliment en roue libre, entre charge féroce contre le bien-pensant et comédie de chambre nordique pour poupées désarticulées.
Enceint, ou voulant l’être, dans le mélo Une Famille Chinoise de Wang Xiaoshuai (Beijing Bicycle). La perversité de l’argument – pour sauver sa fille malade, une mère doit faire un enfant avec son ex-mari en vue d’avoir un donneur compatible de moelle – y est atténuée par une retenue, une réserve, presque une neurasthénie générale (des acteurs, de la mise en scène). Mais se dégage du film une force tranquille qui fait souvent mouche via beaucoup de regards embarrassés de la part des protagonistes.
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En frémissement dans Le Plaisir de Chanter d’Ilan Duran Cohen (La Confusion des genres) où Marina Foïs, Lorant Deutsch et Jeanne Balibar exhudent… le plaisir perpétuel, qu’il s’agit de se frôler, se caresser ou faire des vocalises. Ah oui, sinon Le Plaisir de Chanter est une comédie d’espionnage, où le genre balisé (les clés USB remplacent ici les microfilms) est ici prétexte à une petite fête entêtante, rien que pour nos yeux.
Enterré enfin comme un certain cadavre dans Aide-toi, le ciel t’aidera de François Dupeyron, joli petit film à la fois coloré et noir se déroulant pendant la canicule de 2003. Le corps en question n’est pas celui d’un « petit vieux » (catégorie en fait plutôt verte, à voir ici le toujours classieux et malicieux Claude Rich), mais d’un père de famille noire (ou est-ce noir père de famille ?), autre contrariété pour les siens, qui cumulent les problèmes. Heureusement, le propos n’est jamais misérabiliste et trouve l’équilibre entre chronique sociale et humour foutraque.
D’accord ?
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