Murnau, l’un des rares génies du cinéma, a réalisé quelques-uns des plus beaux films au monde. Faust est un monument sublime qu’il ne faut pas craindre de (re)visiter. Tandis que la 53e Berlinale rend hommage à Murnau avec la rétrospective la plus complète possible de son œuvre (soit une douzaine de films muets ayant échappés […]
Murnau, l’un des rares génies du cinéma, a réalisé quelques-uns des plus beaux films au monde. Faust est un monument sublime qu’il ne faut pas craindre de (re)visiter. Tandis que la 53e Berlinale rend hommage à Murnau avec la rétrospective la plus complète possible de son œuvre (soit une douzaine de films muets ayant échappés aux outrages du temps et à la disparition pure et simple), Arte a la bonne idée de diffuser son Faust, une légende populaire allemande, millésimé 1926, avant sa carrière américaine et son exil dans les îles. Mort dans un accident de voiture sans avoir connu l’avènement du film sonore, Murnau est sans doute le premier grand génie du cinématographe et le dernier grand artiste romantique de la culture allemande. Dans cette optique, son adaptation du Faust de Goethe témoigne d’une maîtrise extraordinaire et demeure un des chefs-d’œuvre les plus ambitieux de l’histoire du cinéma. Avec l’histoire de Faust et de son pacte avec Mephisto, Murnau embrasse rien de moins que les thèmes du Bien et du Mal, de Dieu et du Diable, des Lumières contre les Ténèbres. Pour cela, il cherche et trouve une forme de cinéma total et nouveau. L’étendue des connaissances de l’auteur en peinture, en théâtre, en architecture et en philosophie lui permet de mettre en scène une œuvre parfaite et complète à chaque niveau de son exécution formelle et de ses thématiques, tout en donnant naissance à une création cinématographique affranchie de la moindre dépendance aux arts préexistants. Murnau est ainsi le cinéaste qui a intégré l’idée de mouvement cinématographique à celle de picturalité avec l’intelligence et les résultats les plus incontestables.