Derrière l’adaptation réussie du roman de Pierre Boulle, une fable politique : l’homme n’est au centre de rien.C’est une des images mythiques d’Hollywood. Glaçante, ahurissante : la statue de la Liberté en ruine sur une plage déserte. Quelque part sur une planète Terre peuplée de grands singes qui auraient pris aux hommes le flambeau de […]
Derrière l’adaptation réussie du roman de Pierre Boulle, une fable politique : l’homme n’est au centre de rien.
C’est une des images mythiques d’Hollywood. Glaçante, ahurissante : la statue de la Liberté en ruine sur une plage déserte. Quelque part sur une planète Terre peuplée de grands singes qui auraient pris aux hommes le flambeau de la civilisation. L’image en dit long sur l’inconscient d’une Amérique schizophrène, superpuissance travaillée par des crises de paranoïa aiguë. Paranoïa qui se serait transformée depuis le 11 Septembre en folie furieuse de Cyclope blessé. La réalisation de Franklin Schaffner (auteur de Papillon en 1973) fonctionne à la perfection : du grand spectacle d’anticipation parfaitement réussi.
La Planète des singes s’imposa comme un des premiers blockbusters. Le film engrangea 28 millions de dollars de recettes, le plus gros carton de la 20th Century Fox à l’époque (d’où les quatre suites entre 1970 et 1973), et donna même naissance à la franchise de produits dérivés. Mais le film dépasse le cadre du succès commercial. Il se fait l’écho des angoisses américaines du moment. Le pays s’embourbe alors au Vietnam, le surarmement nucléaire atteint son apogée et les rêves les plus délirants de conquête spatiale se concrétisent. Le film pose une question simple : jusqu’où ? Le thème de l’homme face à sa propre évolution apparaissait déjà dans la rêverie métaphysique de Kubrick, 2001, l’odyssée de l’espace, sorti quelques mois plus tôt. Avec cette image inconcevable de la statue de la Liberté en ruine sur une plage, la question est posée de manière beaucoup plus violente.
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