(REPRISE)Un film noir sous amphèt traversé de fulgurances poétiques.Parmi les perles noires qui sertirent le cinéma des années 40, L’Enfer de la corruption fait véritablement figure d’ovni. Ce premier film réalisé par l’écrivain et scénariste Abraham Polonsky (dont la carrière pâtit de l’ombre redoutable dressée par la Liste noire sur le cinéma américain), tout en […]
(REPRISE)
Un film noir sous amphèt traversé de fulgurances poétiques.
Parmi les perles noires qui sertirent le cinéma des années 40, L’Enfer de la corruption fait véritablement figure d’ovni. Ce premier film réalisé par l’écrivain et scénariste Abraham Polonsky (dont la carrière pâtit de l’ombre redoutable dressée par la Liste noire sur le cinéma américain), tout en intégrant les poncifs du genre, surprend par une utilisation de la parole complètement survoltée. Dans la bouche du charismatique John Garfield (qui se définissait comme le Gabin du Bronx), les dialogues retentissent telles des mitraillettes et emballent littéralement ce film ivre de mots, comme sous l’effet d’amphétamines. Cette fièvre ne nous laisse pas vraiment le temps de respirer, ni de saisir tous les détails d’une histoire dont on démêle les fils plus par déduction que dans le suivi même de l’action. Peu importe, car il semble avant tout être question ici de maladie : Joe Morse, avocat véreux, tenté de corrompre tous ceux qui l’entourent (son frère, sa petite amie), agit presque comme un drogué qui voudrait que tout le monde partage son trip. Au fil du film, les notions de bien et de mal semblent se dissiper pour laisser place à une étrange confusion, un brouillard de mots duquel s’échappent de superbes fulgurances poétiques. Tendant vers une singulière abstraction, révélatrice de ce pouvoir invisible et destructeur qu’est l’argent, la mise en scène de Polonsky s’avère tout aussi nerveuse que raffinée, la photographie, particulièrement belle, témoignant d’un sens aigu du détail. Annoncé comme un « film impur », on aura compris que L’Enfer de la corruption n’en est pas moins une pure merveille.
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