Dans une pétition de 600 signataires, des clippeurs parmi lesquels So Me ou Michel Gondry demandent une reconnaissance de leur travail et une revalorisation de leurs droits d’auteurs.
[attachment id=298]
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il y a quelques années, on ressortait la nécrologie du clip des placards. Selon la tendance, l’ovni audiovisuel ne devait pas survivre à la frilosité des majors de la musique et l’amorce de leur déclin. Alors que la crise du secteur est de plus en plus tangible, les réalisateurs français de vidéos musicales ont tenu à signaler leur ras-le-bol. Les nouveaux clippeurs (Jonas et François, Romain Gavras) comme leurs aînés (Michel Gondry, Olivier Dahan) passés depuis au long-métrage veulent se battre pour que leurs droits d’auteurs soient revus à la hausse. « Quand je vois des réalisateurs de plus de 200 clips ramer financièrement parce qu’ils ne touchent qu’1,60% des droits, je me dit que les autres secteurs de l’audiovisuel ne sont pas trop mal lotis » explique Georges Hanouna, président du Sppam précisant que la pétition n’a aucun lien avec l’annonce de l’accord entre Dailymotion et la Sacem concernant le versement des droits d’auteurs des œuvres hébergées par le site. « C’est plutôt le bordel engendré par la crise et l’avènement d’Internet qui nous ont fait réagir. On se dit que c’est le moment de changer quelque chose. Ou au moins de les faire bouger« .
Dans le paysage audiovisuel, la vidéo musicale est toujours en quête d’une réelle reconnaissance artistique. Malgré un champ d’exploration particulièrement large et dynamique symbolisé par la réussite du duo Jonas & François, passé du succès de D.A.N.C.E de Justice à des collaborations avec Kanye West et Madonna, Georges Hanouna note que « le vidéo-clip est une activité encore beaucoup trop méconnue, presque cantonné à un sous genre« .
Pour Michel Gondry, ces revendications sont sincèrement justifiées. « On aide la musique. Le clip, la plupart du temps, est un moyen de la véhiculer. C’est une véritable valeur ajoutée. Mais, en tant que réalisateur d’images, nous n’avons en contrepartie aucune protection« . Hanouna de préciser : « Le réalisateur est avant tout auteur. Or son statut doit être redéfini en conséquence. Intellectuellement, il serait plus sain d’être considéré comme autre chose qu’une forme de sous-traitance. Les clips sont partie intégrante du processus de matérialisation d’une chanson. On a donc des intérêts croisés avec les maisons de disques ».
Michel Gondry retient un exemple évocateur : « quand on a sorti une compilation de mes travaux en DVD (série The Work of Director: Michel Gondry, comme Spike Jonze, Chris Cunningham, Mark R[attachment id=298]omanek ou Anton Corbijn), ils se sont super bien vendus. Mais je n’ai presque pas touché d’argent. Tout est quasiment allé dans la poche des compositeurs. C’est assez symbolique non? De toute façon, la hiérarchie est simple, je schématise, mais sur une échelle de valeur, on va d’abord mettre les films, les long-métrages, ensuite la publicité et à la fin les clips. Ce qui n’a plus vraiment de sens« .
Mourad Belkeddar d’El Nino Tv, société de production dont les poulains, Romain Gavras ou So Me, ont eux aussi signé la pétition, souligne d’abord le cadre particulièrement embarrassant du processus de création. « Les conditions, pour les réalisateurs comme pour les producteurs, sont hyper difficiles. Elles sont à deux doigts de nous pousser vers l’illégalité. Pour les entreprises qui revendiquent le développement de jeunes talents, ce n’est même plus viable. Les droits appartiennent entièrement aux majors et aux labels qui sont en train d’imploser« . Quant au « système d », Belkeddar tient à en définir les limites. « Il faut absolument arrêter avec le fantasme, le mythe du clip pas cher et génial. Ce n’est qu’une minorité noyée dans le nombre« . La pétition a aussi été paraphée par des producteurs, des comédiens et des salariés des maisons de disques, soit 600 signataires au total.
Et Michel Gondry de conclure: « J’étais plutôt contre la grève des scénaristes américains l’année dernière. Ce n’est pas mon genre, je préfère descendre manifester pour le droit des infirmiers ou quelque chose de vraiment vital… Mais même si on ne risque pas de me retrouver dans la rue, il faut que ce travail créatif soit rétribué à hauteur de sa qualité« .
{"type":"Banniere-Basse"}